Une ouverture en fanfare, des tableaux aux airs de reliques historiques et le tonnerre prônant l'éternel choc des cultures : « yankees » versus « peaux rouges ».
Le stratagème se poursuit jusqu’au moment où les personnages prennent la parole. Subtilement, la fresque historique inscrite dans la légende s’estompe. Nous sommes à deux doigts de la comédie, est-ce un effet de style ? Le doute persistera quelques minutes, jusqu’à l’arrivée de la vedette : Custer/Flynn.
Un personnage d’un autre temps fait son apparition, un être pédant accompagné non pas de ses serviteurs, mais de sa meute de chiens de chasse. Un aristocrate entrant dans le camp des cadets comme pour un triomphe. C’est le premier choc, car on nous ment sur la marchandise ! Custer notre héros fait son entrée comme un bouffon, est-ce une farce ? Non, le coup de génie est bien là !
La Charge fantastique ne s’inscrit pas dans la légende à la John Ford et encore moins dans les fresques historiques de Cecil B DeMille. Walsh dirige un film d’aventure aux faux airs de légèreté.
Custer ce bleu étincelant déclare :
La gloire a un avantage sur l’argent. On l’emporte avec soi en mourant
On se moque des apparences et des premières impressions ! Custer n’est pas aussi pompeux qu’on pourrait le croire, cet homme à un idéal qui le place au-dessus de la foule. Walsh s’amuse (et surtout de nous), tout au long de son récit comme une farce. Mais le voile de la comédie se lève quand Custer prend ses responsabilités et « écrit », ce qui fera sa légende.
Le retournement s’illustre par une scène majestueuse où nos deux représentations de Custer sont en scène (une sorte de mouvement symphonique pour appuyer la transformation). Flynn se fait appeler mon général pour ses camarades à la chaîne, il se courrouce croyant à une énième pantalonnade. Subtilement le jeu de Flynn glisse vers autre chose grâce à cette dernière séquence aux airs de comédie. Ce nouveau Custer au ton grave atteindra le sommet lorsque son porte-bonheur se brisera, symbolique prémonitoire qui le contraint à faire des adieux à son aimée (la sublime Olivia De Havilland) pour l’honneur et la gloire à venir.
Flynn a un rôle taillé pour lui, son personnage est impétueux, fanfaron, énergique, courageux avec les valeurs du héros de cinéma hollywoodien. Un délice de profiter une dernière fois du duo Flynn/De Havilland dans une scène de romance faussement classique qui ravira quelques souvenirs de l’impossible Mr bébé de H.Hawks.
Une réplique qui titillera les plus attentifs juste avant le bouquet final :
« Les véritables Américains sont derrière la colline avec des plumes sur la tête ».
On l’attendait, rendez-vous avec la gloire à Little Big Horn pour assister au sacrifice du bataillon de Custer. Son chant du cygne fera gagner du temps à l’armée américaine en difficulté face à la coalition indienne. Une scène magistrale tournée comme un film muet ! Walsh profite du baroud d’honneur de Custer pour mettre en scène le sien au cinéma « d’antan ». Certes, son film est épique au rythme effréné, jouant finement sur les codes. Cette ultime scène de bravoure ne laissera pas la place au drame et aux dialogues inutiles. Le sacrifice du 7e bataillon de cavaleries ne chante qu’au son du clairon, l’illustration même d’un corps dédié à la légende patriotique.
They died with their boots on est une œuvre à savourer pour sa construction en trompe-l’œil et ses hommages subtils qui raviront les plus aigris d’entre nous.