La restauration du film par le musée de Turin redonne ses lettres de noblesse à un court-métrage assez incroyable quand on pense qu'il date de 1911. Il a peut-être ses défauts en ne suivant pas une linéarité dans son récit, en passant d'un passage à l'autre son cohérence mais je pense que le public de l'époque s'attendait à retrouver les moments clés et n'étaient pas encore un public attentionné du point de vue de la narration. Le cinéma était encore un divertissement curieux.
Oui, le film ne s'intéresse pas aux personnages. Les batailles, la perspective c'est ce qui semble importer au cinéaste. Même si tous les costumes ne respectent pas l'époque, ils restent magnifiques pour l'époque, les décors sont grandioses et le film ne garde, imposée par sa durée, les moments clés : l'enlèvement d'Hélène, la déclaration de guerre, le cheval et la destruction de Troie. Le film est là pour en mettre plein la vue et raconter des faits incroyables de la mythologie, il n'est pas là pour raconter une histoire en tant que telle.
Le film a une jolie introduction avec l'intervention d'Homère comme conteur. La restauration rehausse les couleurs. Ce film n'est pas à voir en noir et blanc mais bel et bien comme le souhaitait son réalisateur en 1911, en couleur. Un beau rouge, un bel orange, du vert, un peu de bleu et de violet.
La force de ce film, dont il faut rappeler la date - 1911 - c'est l'élaboration des perspectives et de sa profondeur. Comment ne pas être émerveillé par cette séquence des portes de Troie s'ouvrant au premier plan pour laisser découvrir à l'horizon le cheval, ou encore la destruction de la ville depuis le balcon royal, observée par Paris et Hélène au premier plan.
Comme quoi le cinéma muet offre toujours de belles trouvailles et reste moderne et étonnant à notre époque.