"Super 61 is down, we've got a black hawk down !"

Conforté par le succès maitrisé de l'un de ses chefs-d'œuvre, Gladiator, Ridley Scott se permet un virage radical avec ce film de guerre musclé et immersif, diamétralement opposé à la puissance lyrique et historique de son péplum.


La Chute du Faucon Noir est mémorable par ses scènes de guerres magistralement mises en scène. Rarement des combats auront été aussi radicalement filmés et imposants.
En adoptant le style électrique, aux couleurs saturées, et au grain numérique de son désormais regretté frère Tony, Ridley impose d'emblée à son film un style immersif et moderne qui plonge instantanément son spectateur dans le récit, pour ne l'en évacuer que 2h20 plus tard, secoué.


Ridley Scott dans ce film démontre qu'il est bien meilleur lorsqu'il filme l'action que lorsqu'il jongle avec les mots. Les dialogues, réduits au strict minimum, sont d'une banalité confondante, allant au plus efficace, et ne faisant jamais dans la finesse. Black Hawk Down est donc trop souvent un film bourrin plombé par les clichés du genre ("Dites à ma femme que je l'aime - Tu lui diras toi même." ou encore "On n'est pas des héros, on fait ça pour nos potes"), un film qui croule sous les images grossières et l'absence totale d'analyse géopolitique.


Ca n'est évidemment pas ce qu'on lui demande, même si un peu plus de finesse n'aurait pas fait de mal. Ce qu'on demande à cette Chute du Faucon Noir, c'est une efficacité dans l'action, une immersion, une expérience visuelle plus qu'une véritable reconstitution historique.
Réalisme des scènes de combats (qui composent en gros, de 2h du film), sensation d'immersion, de chaos absolu, de perte de repères, de danger permanent, de fourmillement d'un ennemi indifférencié, pluriel, sauvage.
On peut reprocher évidemment ce biais, occidentalo-centré ; si Scott décide de nous montrer son ennemi, de s'immiscer parfois, avec incohérence, dans ses rangs, il ne prend pourtant jamais la peine de construire des personnages, réduits à des caricatures de rebelles quasiment animalisés. Il aurait donc été bien plus efficace de ne garder de l'ennemi qu'une absence de visage et de ne faire de lui qu'une masse grouillante et une foule menaçante, des silhouettes sur les toits des immeubles et des femmes désespérées qui prennent les armes. Ici la mort d'un soldat américain devient un drame, celle d'un somalien un moment de rigolade. Il faut dire que la réalité historique fut celle-ci ; pour 19 morts américains, il y eut environ 1000 morts somaliens. Mais il est dommage d'appuyer aussi lourdement sur la moindre blessure d'un "allié" et à la fois d'accumuler par centaines les morts plus ou moins risibles d'ennemis non préparés, accumulation qui prend parfois des traits drolatiques.


Malgré cela, il faut saluer l'exceptionnelle gestion du rythme (2h20 de film qui passent à la vitesse de l'éclair), un casting de "gueules" habitués aux seconds rôles, des moments de bravoure admirablement filmés (une course à pied finale pour sauver sa peau), le réalisme militaire des combats et une immersion qui tient en haleine, le tout servi par la puissante bande-originale d'Hans Zimmer, alors au sommet de sa carrière.


C'est finalement la première heure, petit chef-d'œuvre du genre, qu'on retiendra et l'évidence avec laquelle Ridley Scott nous prouve qu'il est l'un des meilleurs pour filmer l'action.

Créée

le 29 nov. 2020

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Charles Dubois

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