Deux ans après mon « la quille », je découvre ce chef-d’œuvre.

La chaleur, la sueur, les cris, les bruits… j’y retrouve les mêmes sensations, presque à l’identique !


Le film est l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Ray Rigby. Celui-ci a coécrit le scénario avec Sidney Lumet et a reçu le prix du meilleur scénario à Cannes. Ray Rigby se serait inspiré de son expérience personnelle et de son passage en prison, d’où l’authenticité saisissante du récit.


Une histoire pareille est une aubaine pour Lumet, le réalisateur humaniste. Avec son talent de metteur en scène, comme dans 12 hommes en colère, il a la capacité de mettre en lumière les rapports toxiques nourris de tensions, de malaises et de colères, tout en y insufflant des instants de révolte, d’espoir et d’optimisme, le tout dans des espaces restreints aux décors monotones.


Bien que des éléments de décor, tels que la colline, les cellules ou encore la chaleur écrasante, jouent un rôle non négligeable, c’est dans les personnages que se trouve la véritable force du film : les caractères, la psychologie et les apparences physiques. Tout sonne juste, rien n’est exagéré, car dans ce genre de lieu, ces réalités sont bel et bien présentes.


Car, au fond, ce film n’est qu’une critique de ces lieux de formation, de correction et de réinsertion, censés ramener les hommes dans le droit chemin par la discipline, l’ordre et le respect.

Comme toujours, tout finit par dégénérer, donnant naissance à des Wilson et des Williams. Le sadisme, la violence et l’injustice ne sont pas des accidents, mais les conséquences systémiques de ces institutions et de leurs méthodes.

On y retrouve toujours cette rupture avec l’extérieur, ainsi que l’incompréhension des supérieurs hiérarchiques, nourrie par la peur, l’ambition ou la cupidité.


Pour ma part, j’ai été profondément touché par ce film, presque intimement. Bien sûr, il s’agit d’une autre époque, d’un autre temps, mais aussi, dans mon cas, d’une autre culture, voire d’une autre civilisation. Enfin, c’est le même climat d’Afrique du Nord, et la même horreur humaine…

Le plus frappant, c’est que tout est semblable ! Ces lieux se ressemblent partout : toujours les mêmes corvées inutiles et absurdes, la destruction du corps et de l’esprit, la domination sadique, la couardise et la lâcheté humaine.

La révolte de King, refusant de porter l’uniforme, est symbolique. En effet, cet uniforme, signe d’adhésion à cette institution, représente la première et l’ultime des soumissions, car tant qu’il est sur toi, tu es tenu d’obéir aux ordres et d’accepter tout, même l’injustice la plus ignoble : le racisme.


Un film magnifique, qui met en scène et restitue fidèlement la réalité de ces lieux. De tels endroits existent encore partout dans le monde, parfois même dans des conditions plus terribles.


DeValid
9
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le 13 sept. 2025

Critique lue 9 fois

DeValid

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