L'ennui en rose

L'adaptation de l'une des meilleures nouvelles de Lovecraft par Richard Stanley est une belle déception.
Certes, le film reste assez fidèle au récit dans le fond (une météorite s'écrase près d'une ferme isolée et une étrange couleur se répand par onde, provoquant des transformations sur la faune et la flore locale ainsi que les humains) mais il peine à retranscrire à l'écran l'atmosphère étrange de déliquescence que l'auteur avait infusé à la nouvelle.

La longue introduction pour nous présenter des personnages à la limite du ridicule (la fille sorcière), totalement dispensables (l'hydrologue...) et pour lesquels on aura jamais vraiment d'empathie donne d'emblée le ton d'un film dont le rythme s'avère bien trop irrégulier.

Pourtant Richard Stanley tente des trucs et il y a des idées prometteuses, la couleur qui se répand, les visions qui parsèment le film sur la fin... mais ces idées restent à l'état d'embryon et ne sont jamais vraiment développées. Pire, le film souffre d'une absence de continuité : chaque fois qu'il semble décoller à la faveur d'une scène horrifique, le long métrage retombe très vite dans une routine ennuyeuse, pas aidé par des acteurs incroyablement fade ou un Nicolas Cage qui en fait toujours des caisses, même quand il essaie d'être sobre.

Si le film parvient à s'améliorer un peu sur la fin lorsqu'il lâche un peu les chevaux, l'ensemble s'avère plus chiant qu'autre chose et peine à susciter autre chose qu'un ennui poli. Color Out of Space est comme souvent une adaptation cheap et mal fichue, incapable de rendre grâce à l'atmosphère de Lovecraft.