La Hammer,grand studio de cinéma anglais à qui l'on doit les plus grands succès du cinéma d'horreur des années 50,60 notamment avec les films de Terence Fisher mettant en scène Christopher Lee et Peter Cushing (Le cauchemar de Dracula) est ressuscitée d'entre les morts pour notre plus grand plaisir horrifique.

En effet,dès le générique et la lecture de ce nom célèbre sur l'écran,on est plongé dans une atmosphère gothique et lugubre à souhait. En ce sens,la séquence d'ouverture du film,virtuosité du montage oblige,arrive à être dérangeante et angoissante et se révèle un prologue d'une redoutable efficacité.

De prime abord,on pourrait se dire,"un film d'horreur avec Harry Potter" et avoir un sourire en coin et se rendre de façon nonchalante dans sa salle de cinéma croyant avoir affaire à un énième film d'horreur resucé des dernières productions du genre qui surfait sur la vague "possession" (Devil Inside et autres paranormal activity).

Cependant,pour voir ce film convenablement,on doit vite oublier Harry Potter et Daniel Radcliffe s'y emploie tant bien que mal. Physiquement,il dégage un certain charisme mais qu'il n'arrive pas encore à entièrement exploiter,ce qui l'empêche d'appréhender au mieux ce rôle et qui le cantonne à souvent nous refaire les mêmes expressions et ne pas savoir jouer les nuances. Cependant,dans ce rôle là,il faut dire que cela convient. En effet,Arhur Kipps,apprend-on au début du film,a perdu sa femme alors qu'elle mettait au monde son fils. On peut dès lors décemment penser que son coeur s'est figé à ce moment-là et qu'Arthur a subi en quelque sorte une déshumanisation qui l'a rendu quelque peu amoprhe et peu réactif au monde qui l'entoure. Cela est très bien mis en scène au début du film quand le patron de Kipps lui parle et lui demande de se reprendre et de mieux faire son travail sous peine de renvoi définitif. Quelque chose est mort en Arthur et Radcliffe joue bien ce côté blasé du personnage ce qui motivera en partie le fait qu'il veuille absolument résoudre le mystère de la dame en noir.

Watkins,auteur notamment du très bon Eden Lake et du plutôt réussi The Descent s'essaie donc cette fois au genre horrifique. Premièrement,on doit lui accorder une chose,il maitrise totalement les codes du genre ; sa mise en scène est un exemple en la matière. Tout en prenant le temps d'installer son intrigue,ses personnages,les enjeux,buts et motivations de ceux-ci,il arrive à instiller en nous une certaine angoisse qui nous prend aux tripes au fur et à mesure que l'intrigue se déroule et il distille avec parcimonie une certaine montée en tension tout le long du film jusqu'au climax final. On a aucun mal à s'identifier à Arthur Kipps qui arrive dans un village reculé d'angleterre après que son patron ait exigé de lui qu'il donne une conclusion positive à la vente de la maison de la dame en noir sous peine d'être viré. L'ambiance gothico-religieuse est donc de mise ainsi qu'une certaine noirceur mélangé à la mélancolie ambiante et l'austérité du village et de ses habitants,pas du tout accueillants. Watkins sait nous faire sursauter,ça c'est certain et vous n'y manquerez pas pendant ce film même si vous êtes le plus réfractaire du genre. Certains effets sont peut être trop appuyés ou trop marqués mais force est de constater qu'un énorme travail a été fait tant au niveau du son,de la composition des plans,mouvements de caméra,lumière pour que le spectateur se sente opprimé et vive l'expérience d'Arthur comme si il était à sa place. Le travail sonore est clairement une réussite,il faut le souligner encore car,en salle,cela rend l'expérience du film encore plus prenante et saisissante.

Pour parler des seconds rôles,Ciaran Hinds,qu'on a vu notamment dans la série Rome est impeccable dans son incarnation d'un riche propriétaire terrien torturé par la perte de son jeune fils et par le fait que sa femme n'ait jamais pu s'en remettre. Cela mis en exergue dans une scène de repas plutôt cocasse entre Daniel Radcliffe,Ciaran Hinds et sa femme,incarnée par Janet McTeer.

L'ambiance gothique de ce film,qui jouit d'une quasi-perfection au niveau de la photographie et des décors est fidèlement retranscrite ici et n'est pas sans rappeler les ambiances que pouvaient recréer Tim Burton dans des film comme Edward aux mains d'argent ou Sleepy Hollow,ici magnifiée par l'ambiance lugubre et sinistre des plus grands succès de la Hammer des années 60.

Certes,le film souffre de soucis de cohérence parfois,on ne comprend pas totalement les motivations de la dame en noir par exemple (je vous laisse découvrir ce pourquoi elle est si vile) et la fin peut laisser un arrière-goût amer et dérangeant. Ce qui n'est pas un défaut en soi si on considère le film dans sa globalité,c'est une fin qui est globalement cohérente et satisfaisante. Mais il manque quelque chose malgré tout.

Pour conclure,il convient donc de dire que cette Dame en noir est une réussite du genre et qu'il vaut réellement le coup d'oeil pour la belle ambiance qu'il réussit à instaurer et parce que c'est sûrement un des meilleurs et des plus efficaces films d'épouvante de ces dernières années. Daniel Radcliffe commence plutôt bien sa carrière post-Harry Potter,espérons qu'il continue d'étoffer son jeu et acquérir une expérience notable qui le fera progresser.
VincentF1
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le 5 avr. 2013

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Vincent Formica

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