Il est à peu près certain que L'érection de Toribio Bardelli ne sera pas retenu dans la dernière liste des prétendants à l'Oscar du meilleur film international et il n'est pas non plus assuré que le film d'Adrian Saba sorte dans les salles françaises, bien que ses deux précédents, El Limpiador et El Soñador, aient connu cet honneur. Le cinéma péruvien est rare sur nos écrans mais ce n'est pas la seule raison pour s'intéresser à un film avec un titre aussi intrigant, justifié par l'obsession d'un vieil homme, veuf depuis quelque temps et qui considère ses filles et son fils comme des êtres insignifiants. Le type est aigri et pas très aimable, capable de voler des médicaments dans une pharmacie ou de narguer la police qui lui fait remarquer que son permis de conduire est périmé, mais c'est justement son caractère qui rend le film amusant dès lors que son personnage, comme ceux de ses enfants désormais grands mais guère en réussite sur les plans professionnel et sentimental, est traité sous la forme d'une comédie noire qui lorgne parfois les territoires familiers des cinémas de Jarmusch/Kaurismäki. Le film donne progressivement davantage de grain à moudre aux rejetons du père indigne et ils le valent bien, ces perdants un peu pathétiques mais attachants. Le cinéaste abuse un peu du montage en parallèle de leurs existences mais c'est pour mieux les retrouver dans un dénouement forcément sarcastique et tragi-comique. En définitive, oui, cette érection de Toribio Bardelli mériterait d'être montrée au grand jour, si l'on ose dire.

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le 30 nov. 2023

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