La Famille
7.8
La Famille

Film de Yôji Yamada (1970)

Les plus beaux coups de cœur sont ceux qu'on attend pas !


J'étais allé par curiosité à une séance à la Cinémathèque ne connaissant rien du film ni du cinéaste et j'en suis sorti complètement chamboulé.


C'est en fait tout ce que j'aime dans le cinéma "intimiste" et particulièrement celui japonais : la simplicité, la justesse, la pudeur et l'universalité des sentiments.
On est très proche de l'univers de Ozu (on retrouve d'ailleurs l'acteur Chishu Ryu) avec cette tendresse infinie envers les personnages, une histoire presque banale où la légèreté se partage le drame et une mise en scène tout en plan fixe où le cadre privilégie les rapports entre les gens.


L'histoire, justement, parle d'un ouvrier qui doit traverser entièrement le Japon pour aller rejoindre un ami qui tient une exploitation agricole. Sa femme, ses 2 enfants et son père décident le suivre malgré de grosses difficultés financières. Voici donc notre famille "simple", qui n'a jamais quitté son île natale, s'engager dans un très long voyage de plusieurs jours à bord de trains traversant le pays et les métropoles.
Ça pourrait être complètement anecdotique et versant dans le pathos lacrymogène, mais le réalisateur à une vraie sensibilité tout en retenu en même temps qu'un vrai sens du détail et de la direction d'acteur.
C'est donc simplement beau. Je ne parle pas de la beauté esthétique mais la beauté intérieur, celle qui vous émeut autant par ses touches tristes qu'humoristiques.


Et pourtant ce n'était pas gagné avec quelques rebondissements qui laissaient craindre le pire. C'était sans compter la finesse et la justesse du trait qui font avaler la pilule entre 2 sanglots et 3 sourires innocents. La force du film provenant de la rapidité avec lesquelles ses émotions nous frappent. Soit des flashs-backs de quelques secondes ou de micro-scènes toujours bien intégrées au récit : une mère se rappelant son bébé en train de téter, un fils qui culpabilise de n'avoir pu garder sous son toit son père, le regard gêné mais malicieux que s'échangent un père avec sa nouvelle belle-fille, un enfant de 3 ans qui ne comprend pas qu'on enterre sa sœur et qui s'amuse à faire des grimaces à un enfant de cœur, une voyageuse dans le train évoquant la mort de son enfant...
Le film regorge de ce genre de moments bouleversants mais traités avec une sobriété qui en décuple la portée.


C'est la même chose avec la moralité qui pourra paraître naïve à certains : la vie est un autant un long voyage plein de surprises (bonne ou mauvaise) qu'un cycle où il faut attendre les jours meilleurs... Naïf bien sur, mais finalement tellement vrai...

anthonyplu
9
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le 14 sept. 2017

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anthonyplu

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