"Les uns et les autres", les liens d'une vie !

Titre assez banal pour un film qui ne l'est absolument pas !

Avec "La Famille", Ettore Scola se révèle, en effet, toujours aussi inspiré pour traiter de son thème de prédilection. Soit l'étude de caractères au sein d'un groupe donné, débouchant assez paradoxalement sur des oeuvres magnifiques d'intimisme ("La Terrasse", "Le Bal").

S'ajoute donc celui-ci, pour lequel le cinéaste renoue avec le fameux parti-pris de mise en scène qu'il maîtrise à la perfection. Qui consiste à cerner tous ses personnages avec une caméra qu'il fait circuler en toute liberté dans un lieu clos d'où, en fait, elle ne s'échappe jamais !

Le lieu unique, ici, c'est un appartement cossu de Rome. En même temps que son agencement petit bourgeois, le spectateur est invité à découvrir les différentes générations qui s'y succèdent tout au long d'un film-arbre généalogique s'échelonnant de 1906 à 1986 ! Dès la première séquence s'impose la valse des prénoms et des visages avec lesquels on se familiarise vite. Car les présentations sont faites en voix off par le personnage central, Carlo. Celui dont toute l'existence (bambin, enfant, adolescent, jeune homme, homme mûr, patriarche vieillissant) va défiler sur l'écran. Trouvaille visuelle : de longs travellings avant dans l'interminable couloir de l'appartement, symbolisant le passage entre deux périodes clé du récit. Les grands bouleversements historiques et les phénomènes de société n'étant, eux, perceptibles qu'au travers de petits détails au niveau du mobilier, des tenues vestimentaires et du langage.

A la fin du film, auquel on peut reprocher sa lenteur, Carlo octogénaire et seul revit son passé selon les liens affectifs qui se sont tissés de façon plus ou moins révélatrice entre lui et les siens. Grand-père, parents, tante, oncle, frère, femme, enfants, petits-enfants... Disparus ou encore vivants, "les uns et les autres" sont resitués dans le clan familial au grès des évènements joyeux ou tristes qui l'ont marqué. Et au delà, des illusions et des renoncements propres à la nature humaine. Tel cet amour gâchis entre Carlo et sa belle-soeur Adriana.

En résumé, tout ce tragi-comique qui fait une vie, la Vie !

Etonnant et enthousiasmant duo de comédiens, rehaussé par les effets de vieillissement, entre Vittorio Gassman et Fanny Ardant, sans oublier Stefania Sandrelli en épouse à bon compte.

Soit, signé Scola, une magistrale variation sur le désenchantement existentiel. A tel point que "La Famille" présente, avec certains films de Bergman, comme un lien de parenté.

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le 28 oct. 2025

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