Le film nous est vendu comme le nouvel Intouchables. Pardon ? Ce doit être un malentendu (sans mauvais jeu de mot). L'idée de départ n'est pourtant pas mauvaise : la fille entendante d'une famille de sourds et muets se découvre un don pour le chant grâce à son professeur de musique...
Passons sur la scène avec François Damiens le bras dans le cul d'une vache, sur le veau noir baptisé Obama, sur l'humour souvent vulgaire, sur la partie politique sans intérêt, tout comme sur l'amourette niaise entre Paula et Gabriel. Le vrai problème du film ne se trouve pas là. Le vrai problème, c'est l'actrice principale. Rien que ça. Elle n'est tout simplement pas bonne. Rien que ça. Ce qui est d'autant plus dommage qu'elle apparaît dans absolument toutes les scènes. Rien que ça. Il lui manque juste du charisme et une justesse de ton. Rien que ça.
A sa décharge elle n'est pas aidée pour son premier rôle : interpréter une potentielle reçue au concours de Radio France alors qu'on n'est pas parvenue à remporter The Voice... un véritable rôle de composition. Et quand j'apprend qu'elle est pré-nommée pour le César du meilleur espoir féminin, je me dis que noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Citer du Johnny dans la critique d'un film qui nous passe toute la discographie de Michel Sardou : check !
Alors que reste-t-il de ce film ? A priori pas grand chose, si ce n'est deux scènes : la scène finale toute en retenue et en émotion et celle où l'on se retrouve, le temps d'un duo, dans la peau d'un sourd. Quel dommage que tout le film ne soit pas à la hauteur de ces deux magnifiques scènes. Eric Elmosnino ensuite qui est, comme à son habitude, très juste et Luca Gelberg, l'un des seuls sourds-muets du casting et qui parvient, grâce à son jeu tout en subtilité, à être à la fois drôle et touchant. On peut alors se demander pourquoi les personnages sourds ne sont pas joués par des acteurs sourds, ce qui nous aurait évité un François Damiens absent et une Karin Viard toute en gesticulations.
La famille Bélier (comme un bélier) n'est donc pas le pire film de l'année mais probablement ma plus grosse déception. Là où Intouchables parvenait à faire oublier le handicap, on ne fait ici que le surligner.
Non, handicapé ne veut pas dire arriéré !
Non, sourd ne veut pas dire lourd !