Pour les adeptes de quête familiale qui ne laisse pas indemne...

« Woman in Gold » est sorti dans un relatif anonymat le quinze juilllet dernier. L’été privilégie bien souvent la promotion pour les blockbusters ou les films d’animation. Je ne le regrette pas, c’est un état de fait. Par contre, cela n’a pas empêché le film réalisé par Simon Curtis d’arriver sur nos écrans accompagné de critiques élogieuses. Les premiers spectateurs ont semblé rapidement confirmer cet enthousiasme. La présence sur l’affiche d’Helen Mirren et Ryan Reynolds ont fini de me persuader qu’il serait dommage de ne pas partir à la découverte de cette aventure picturale…


Nous partageons ici le destin de Maria. Septuagénaire, elle vit à Los Angeles après avoir fui l’Autriche lors des années trente. Suite au décès de sa sœur, elle se met en tête de récupérer un tableau peint par Gustav Klimt : « Portrait d’Adèle Bloch-Bauer ». Il représente sa tante Maria trouve légitime de récupérer ce trésor de famille confisqué par les nazis dans leur appartement de l’époque. Le souci est qu’il est maintenant dans la pièce la plus célèbre du plus grand musée autrichien. Son seul atout ? Un jeune avocat américain prénommé Randoll.


Les enjeux de l’histoire sont rapidement mis en place. Maria a une idée en tête et a priori, elle n’a pas prévu d’en démordre. Elle veut récupérer son tableau ! Mais rapidement, le passé accompagne cette quête. La vieille dame souffre énormément de ce passé. Elle n’a pas pardonné à son pays. Elle est hantée par son exil forcé. Sa requête judiciaire va devoir la mettre face à des squelettes qu’elle s’évertuait à cacher et c’est ici que réside une des grandes forces de cet opus.


Le combat de Maria va durer plusieurs années. Les nombreuses étapes de ce long et arpenté chemin de croix lui rappelleront bon nombre de souvenirs de sa jeunesse viennoise. Evidemment, tous ne sont pas joyeux bien au contraire. Ces moments sont traduits par des retours en arrière parfaitement inscrits dans la narration. Ils ne m’ont pas laissé indemne. Ils sont poignants sans être excessifs. J’ai été bouleversé par le destin de cette femme. Les larmes ont coulé à flots. Cette immersion dans le quotidien autrichien de l’époque est déchirante. Je doute que quiconque y soit indifférent.


La dimension historique que j’évoque n’est pas l’unique thématique de la trame. Le fil conducteur reste la volonté de Maria de mettre la main sur le portrait de sa tante. Pour se rendre compte de la valeur de la toile, elle est présentée dans le film comme « La Joconde autrichienne ». Cette lutte est donc légitimement présentée comme celle de David contre Goliath. Evidemment, notre empathie va en direction de Maria et Randoll. Leur duo fonctionne très bien. En suivant leurs pas, on pénètre dans les arcanes juridiques de l’Autriche et des Etats-Unis. J’ai toujours été fasciné par les grands procès. J’ai donc savouré avec appétit le combat de Maria. Le cheminement de leurs recherches et de leurs requêtes est clairement exposé et m’a permis de profiter de chaque rebondissement sans jamais être perdu. De plus, le rythme est subtilement dosé et offre une densité agréable à l’ensemble.


Tout ce puzzle juridico-historique est mis en place autour de Maria et Randoll. Leur couple fonctionne bien. Maria possède un caractère qui fait sourire. Son interprétation par Helen Mirren est remarquable. Elle est la grand-mère que tout le monde aimerait avoir. Sa répartie, ses mimiques ou ses manières sont autant de caractéristiques qui alimentent le plaisir du spectateur. Randoll, joué par Ryan Reynolds, arrive à exister face à ce petit bout de femme bien décidée. Ce n’est pas la moindre des performances ! Ce jeune avocat se révèle au fur et mesure de l’avancée de leur quête. Son évolution est touchante. De plus, les disputes régulières qu’il a avec Maria sont très drôles et équilibrent avec talent l’atmosphère du film.


Pour conclure, « Woman in Gold » est un condensé de tout ce que peut offrir le cinéma. J’ai pleuré, j’ai ri, j’ai été touché, stressé… Bref, toute une gamme d’émotions m’a accompagné au cours de la séance. Le fait que ce film soit inspiré de faits réels n’empêche pas l’histoire d’être touchante et n’oblige pas la narration d’être trop linéaire comme souvent. Ce film est un petit bijou que je reverrais avec plaisir et je vous conseille vivement d’aller découvrir…

Eric17
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le 30 juil. 2015

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Eric17

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