Mathilde,
Tu fais partie de ces rares femmes rassemblant cette sainte trinité de qualités humaines: l’amour, la beauté, la créativité. Chimérique, mystérieuse, tu suscites dès le premier regard l’envie. Telle une muse perdue dans le royaume des hommes recherchant inlassablement son Apollon.
Mais la muse a t-elle sa place dans une société comme la nôtre? Ton amour de femme est enfermé dans ce corps désirable intemporel dont personne n’entend son hurlement pour en sortir. L’homme te désire mais fuit à la moindre volonté de ta part de vouloir construire un amour durable face à lui. Ton amour est pur et sincère noyé dans les bras d’hommes qui te veulent simplement pour assouvir leur fantasme. Ta présence les rassure, les remet sur un pied d’estale. Mais une fois assouvi, ils préfèrent retourner vers celles avec qui ils se sentent supérieurs et qu’ils peuvent maitriser. Or tu es indomptable, tu es toi, tu veux simplement être aimé pour ce que tu es. Mais ils ont décidé de te coller cette étiquette de femme fatale tellement fort sur tes lèvres afin de te laisser dans ce silence hors du temps. L’homme face à toi devient irrémédiablement jaloux (tu es indéniablement attirante), possessif (tu es sa chose), peureux (tu les hantes), distant (telle une statue qu’on admire). La beauté est un crime que l’homme aiguise de sang froid. Il ne voit pas ce coeur à l’intérieur bouillonnant, passionné, contraint à devenir anorexique au fil de la vie oubliant par moment d’apaiser sa faim. L’homme préfère te laisser mourir à petit feu dans un coin auprès de la cheminée.
Tu as aujourd’hui rejoint Antonin, Vincent, Camille… et le débat là haut doit atteindre son paroxysme: es tu une suicidée de la société ou une simple âme en peine dépressive plongée dans le désespoir le plus total?
Tu aurais tellement aimé devenir maman et non la mère de tes amants transformant tes fantasmes les plus ardents. Le « je veux » de l’homme a réussi à prendre le dessus sur toi et à métamorphosé ton « je veux » en « il veut » et devenir malgré toi sa prisonnière. L’homme a ce pouvoir saches-le. Comme la femme a ce pouvoir d’enfanter. Toi tu as enfanté toute ta vie l’Amour brûlant dans tes veines sans jamais donné la vie et à contrecoeur expulser ce petit bout de toi sans te demander ton avis.
Tu es une véritable héroïne érotique du sacrifice féminin, saches le, malgré les quand dira-t-on d’hommes et de femmes croisant ton chemin crachant leur venin sur ton visage hitchcockien.