Ah la salope !

Je comprendrais complètement que l'on reproche à Blier de traiter toujours des mêmes thématiques, avec des personnages similaires, mais moi il n'y a pas à faire, j'accroche vraiment à son univers, et je voudrais toujours plus de films comme celui-ci, avec des dialogues ironiques et travaillés, des personnages bruts de décoffrages, des réactions singulières...

Voici donc encore un film traitant de frustration et de libération sexuelle, mais aussi d'amitié, avec des tensions dues à une focalisation sur les pulsions des personnages (pulsions assumées chez Isabelle Huppert, contenues chez Coluche). Blier parvient toujours à trouver une véritable réalité de l'homme, dans ses films, une espèce de primitivisme qui rend parfois les situations saugrenues, mais on ne peut plus humaines.

Et si le film n'est pas réalisé avec beaucoup de finesse, il s'agit d'ailleurs clairement d'une comédie, la thématique est toutefois traitée avec classe, Coluche étant vraiment dans un étau durant tout le film, ce qui le pousse à se confier à voix haute et qui donne lieu à des monologues juste parfaits. Les cadrages, notamment à travers les fenêtres pour nous extérioriser et nous donner un rôle de voyeur, sont aussi notables, donnant souvent un effet très réussi.

Les personnages chez Blier sont difficiles à appréhender... Ils exploitent tous un trait de caractère différent, et un seul trait chacun : la naïveté, la gentillesse, l'oisiveté. Ils sont ce qu'on a de plus humain, et vont pas conséquent jusqu'au bout de leurs folies, contredisant parfois leur propre caractère : Coluche se demande alors s'il ne pourrait pas changer de comportement.

Quelqu'un qui n'apprécie pas le cinéma de Blier, ce n'est même pas la peine d'essayer. Mais si comme moi vous adorez, alors ce peut être du pain béni. Ce n'est pas son plus grand film, mais pour ma part, je l'ai trouvé réussi et efficace.