La grâce d'être aimé par une femme ne dure pas.

A priori, rien d'original ; une histoire d'adultère entre un homme de 39 ans, François, et une jeune femme de 22 ans, Murielle. Sauf que le procédé est totalement inédit dans la mise en scène ; la mise en scène est entièrement subjective, le film est entièrement vu du point de vue de l'homme, soit caméra à l'épaule. D'ailleurs, l'homme, que joue le réalisateur lui-même, ne sera vu que deux fois dans le film, à travers des reflets. Le film est un ensemble de scène, avec parfois des ellipses surprenantes, comme le résultat d'une gifle qu'il lui a donnée, mais dont on ne voit pas le geste.


Au départ, il faut avouer que c'est perturbant, surtout quand on sait qu'on a Isabelle Carré à l'écran à 99 % du temps, les autres personnages ne sont que des silhouettes. Au départ, elle refuse cette liaison, par respect pour la femme de François, puis se laisse convaincre de s'afficher nue devant lui au départ, puis ils coucheront ensemble, jusqu'à s'apercevoir que cette histoire mènera à un mur, et surtout devant le caractère on ne peut plus angoissé de l'homme.


Par un traitement plus classique, je pense que le film n'aurait que peu d'intérêt, surtout que Philippe Harel a une manière très atonale de s'exprimer, il a l'air très mou. Mais il faut dire qu'il a un diamant brut en face, nommé Isabelle Carré (dont c'était un de ses premiers films), qui a été (et est toujours) une actrice magnifique, aux choix très sûrs, et qui est ici à croquer. Visiblement, le réalisateur a tout fait pour la mettre en avant, et surtout pour la montrer désirable, pas forcément parce qu'on la voit nue, mais son charme, son regard, sa manière presque gênée qu'elle a au départ, il y a de quoi fondre. Après, elle va prendre de l'assurance, et même plonger dans cette liaison interdite, mais ce n'est pas autant que l'homme.


Je suis un garçon, mais je reconnais très bien que les comportements du genre "tu veux coucher avec moi ?" dès le deuxième rencard, c'est minable. Parce que là, on sent le typer prêt à exploser dans son pantalon, qu'il a envie d'elle, que sa femme ne compte plus, bref, il veut se la faire. Au fil de l'histoire, il apparait comme un petit garçon mesquin, proche de son jouet, jaloux comme c'est pas possible, car elle prétend coucher avec d'autres garçons quand ils se disputent. Je pense que 99 % des femmes largueraient un mec comme ça, pour qui une femme est une propriété, pas forcément un acte d'amour.


L'histoire reste très classique, mais c'est ce qu'on appelle un expérience cinématographique, jamais utilisé dans ce genre-là, assez minimaliste dans la forme (il n'y a aucune musique, sauf à la fin), mais dont la présence lumineuse d'Isabelle Carré le rend intéressant.
Pour les femmes qui liront cette critique (et/ou verront le film), je serais curieux de savoir si on peut s'attacher à un tel homme....

Boubakar
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le 21 juil. 2015

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Boubakar

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