Acteurs riches, film fauché

Le pitch était prometteur, le fait divers saisissant, le résultat final oubliable.

La Femme la plus riche du monde peut au moins se vanter de m'avoir captivé durant au moins toute sa première moitié, me perdant complétement durant sa seconde. Car s'il y a bien quelque chose de fascinant dans cet étrange récit d'amitié bourgeoise, c'est bien la rencontre entre une Isabelle Hupert délicieusement froide et un Laurent Lafitte savoureusement détestable. En fait, Lafitte tire carrément toute la couverture et monopolise le film, dominant l'image tout en agaçant les seconds rôles. L'acteur fait le chien fou en lâchant punchline sur punchline, enchantant le personnage titulaire et répugnant son entourage (mon Dieu, la vanne du tatouage au mari juif...). Tout cela s'avère bien amusant jusqu'à ce que le verre se mette à déborder. Volonté ou non du réalisateur, cette caricature de journaliste homosexuel finit par devenir très, voire trop agaçante. Et elle n'est certainement pas aidée par les autres personnages qui s'avèrent tout aussi agaçants, sentiment renforcé par de pitoyables fausses interviews filmées qui n'ont strictement rien à faire dans ce film (tout comme quelques effets de style qui font ici office de furoncle sur le visage). Mais l'échec final de La Femme la plus riche du monde, c'est de ne jamais vraiment mettre en images cette gigantesque fourberie dont il s'inspire. Ils sont où les tableaux de maîtres offerts au journaliste ? Il est où le pognon coulant à flot ? Pourquoi tout cela est relayé à l'arrière-plan au profit d'une relation mère-fille inintéressante et d'un aparté sur fond de collaboration qui n'a rien à faire dans ce film ? Pourquoi s'emmerder avec un matériau aussi prometteur pour pratiquement rien n'en faire ?

Doté d'une réalisation plate avec 2-3 fulgurances visuelles, ce film a bien mérité sa coproduction Netflix et va finir aussi vite oublié que toutes les autres créations du géant rouge. Quoique la coupe de cheveux de Marina Foïs, elle, risque bien de me rester... et de me terrifier. Qu'on renvoit son coiffeur !