Alors que la police perquisitionne la demeure de la milliardaire Marianne Farrère, sa proximité avec l’artiste Pierre-Alain Fantin éclate au grand jour : abus de faiblesse ou amitié sincère ?


« Vous êtes la femme la plus riche du monde », lui lance une journaliste. « Riche, le mot n’est pas très joli… Fortunée, c’est mieux ! », rétorque-t-elle, sourire aux lèvres. Grande héritière et cheffe d’entreprise prospère, fut-elle réellement chanceuse ? Car aujourd’hui, Madame s’ennuie et se fane, jusqu’à l’arrivée tonitruante d’un coureur de dot au verbe haut et gras. Il faut voir comment ce photographe à la réputation épouvantable la rhabille et la décoiffe dès leur première rencontre pour comprendre. Un vrai spectacle, ravissant l’habituée des courbettes, qui n’attendait au fond que d’être décoincée, elle qui avait tellement mal au dos. Si cela vous rappelle une affaire ayant fait les gros titres en France, ce n’est pas un hasard.


Pour marquer les esprits, il fallait réunir un duo d’enfer. Après Elle de Paul Verhoeven, Isabelle Huppert retrouve son complice Laurent Lafitte, parce que tous deux le valent bien. Pas de sexe ni de viol ici, mais un jeu incisif mêlant amour et manipulation, qui n’est pas sans rappeler les liaisons dangereuses entre Merteuil et Valmont. Vif, flatteur et vulgaire à souhait, Fantin, homosexuel assumé, bouscule les convenances pour en composer un théorème à la Pasolini. Face à lui, la petite grande bourgeoise s’amuse et le paie très généreusement pour qu’il continue. « Avec Pierre-Alain, on vole, on frise », dit-elle après avoir découché. De quoi désoler un entourage — mari, enfant et servant servile — qui les regardent jouer, ne sachant comment réagir devant tant d’audace.


Très plaisant à regarder, ce théâtre des vanités perd de son influx lorsque ressurgissent un passé antisémite et des querelles familiales plus convenues. Le rythme s’épuise un peu et le récit se resserre sur la relation tendue entre une reine mère incapable de savoir si elle aime sa fille unique. Une fois encore, même avec des milliards, les sentiments ne s’achètent pas.


(6.5/10)

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CineFiliK
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le 14 nov. 2025

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