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Voilà un film qui semble jouir de son propre vide. Il n'y a pas d'intrigue, pas d'enjeu narratif, très peu de travail de composition d'image (on est souvent à la recherche d'un minimalisme froid et, selon moi, horriblement fade), pas de travail sur le langage (enfin, en tout cas, rien qui transparaisse dans la traduction), assez peu de présence de la part des acteurs.


Les personnages macèrent dans un bouillon de néant contagieux, un degré zéro d'existence épuisant. Ils m'ont donné l'impression d'être des plantes ikéa dans des intérieurs de classe moyenne élevée.


Les quelques situations mises en scène sont des dialogues entre femmes qui n'ont à peu près rien à se dire. Il y a très peu d'altérité dans le film : les personnages féminins pourraient être intervertis que ça n'y changerait rien. Elles n'ont d'avis sur rien, elles n'ont pas d'épaisseur et elles traversent le film sans véritables différences de point de vue, si ce n'est sur des questions superficielles.


Tout est de toute façon affreusement superficiel dans ce film. Je n'ai jamais trouvé de réelles présences, de réels volumes dans les films de Hong Sang-soo. Ses plans, ses décors, et surtout ses personnages sont de manière générale assez peu relevés, assez immobiles, terriblement répétitifs. Ce qui fait le charme de certains de ses films, ce sont les incompréhensions entre les personnages, les dialogues loufoques, les tensions et les malaises qui naissent dans les disputes, les séparations, les soirées alcoolisées. Mais ici, il n'y a rien de tout ça, si ce n'est lors d'une courte interaction avec un voisin. Il n'y a, en fait, pas beaucoup de travail visible. C'est assez désarmant et finalement plutôt honteux.


Bien sûr, on pourra toujours écrire des thèses sur les personnages masculins qui sont filmés de dos (mais enfin pas tout le temps), sur l'expressionnisme du vide, sur la nourriture et la boisson chez Hong sang-soo, sur le dialogue d'intérieur qui se nourrit du silence etc


Ce serait oublié que le film, lui, personne ne semble s'être donné la peine de l'écrire. Il traduit avant tout une certaine paresse, un manque d'inventivité et, finalement, un nihilisme cynique assez inoffensif et assez criticable.

Feloussien
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le 29 déc. 2020

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Feloussien

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