Quand on fait un critique, il est parfois difficile d’être pleinement objectif. Surtout quand votre avis diffère totalement de celui des autres. On perd en crédibilité et on s’attire bien des foudres sur soi. Je pense déjà que c’est mon cas quand je donne de bonnes notes à chaque volet de la saga Transformers. Ou encore quand je descends un film comme 300. Avec ce film de Ronny Yu, je me retrouve à nouveau dans cette situation. Mais c’est cela le jeu : j’assume mes idées, mes pensées et j’explique pourquoi un film comme La Fiancée de Chucky, l’un des opus préférés de la franchise, ne m’a pas autant diverti que les trois précédents (La Poupée de Sang et Chucky 3 étant pourtant notés faiblement).


Mais il faut bien avouer que ce film possède bien des atouts. À commencer par le renouveau qu’il apporte dans la saga. Et pour cause, La Fiancée de Chucky, bien que reprenant l’origin story de la poupée tueuse, fait l’impasse sur ce qui s’est passé jusque-là. Comme si rien n’avait existé, pour emmener la franchise dans une toute autre direction. Ce qui se passe exactement ici, le long-métrage laissant tomber toute notion de film d’horreur (dans le sens tension et angoisse) pour s’adonner à la comédie noire. Plus rien n’est donc pris au sérieux. Tout est volontairement surfait, que ce soit les situations hautement invraisemblables, le jeu des acteurs, la débilité de l’ensemble, l’ambiance décontractée au possible (aussi bien sur le plan musical que de la vulgarité facile). Le tout en balançant des références à gogo au genre, jusque dans sa promotion (le titre faisant penser à La Fiancée de Frankenstein, l’affiche inspirée de celle de Scream 2…), ainsi que quelques remarques cinglantes sur le système hollywoodien de temps en temps (notamment en ce qui concerne les suites). C’est purement rafraîchissant, évitant à la franchise de faire du surplace comme elle semblait le faire depuis Chucky 3.


Surtout que cela n’enlève en rien les nombreux atouts techniques que la franchise nous a apporté jusque-là. Que ce soit les effets spéciaux des différents crimes, bien plus « originaux » et percutants qu’auparavant, ou bien celles animant les poupées. Oui, j’ai bien dit LES poupées, étant donné que Chucky s’offre ici une compagne aussi déjantée et démoniaque que lui. Promettant aux spectateurs deux fois plus de délire ! Sans compter que l’ensemble s’enchaîne avec une très grande fluidité, faisant passer un agréable moment question divertissement horrifique. Vous l’aurez compris, La Fiancée de Chucky se présente comme l'épisode ayant relancé une saga en perte de vitesse. Et, qui plus est, lui a permis de se faire connaître auprès d’un tout autre public, désormais friand du personnage emblématique du scénariste Don Mancini.


Malheureusement, j’ai beau reconnaître tout cela, je n’adhère pas à ce film. Ou du moins, j’ai bien du mal. La faute revenant principalement à ce virage dans la comédie noire qui, pour moi, dénature complètement ce personnage que j’appréciais. Premièrement, le voir jeté au second plan au profit d’un tout nouveau protagoniste (sa fiancée Tiffany), pas aussi charismatique que lui, est un sacré coup. Rien que pour le doublage : si Jennifer Tilly s’en sort assez bien dans son rôle, elle ne parvient pas à rivaliser avec Brad Dourif, toujours aussi excellent. Et comme ce dernier n’est plus aussi présent, je n’ai pas pu apprécier à nouveau sa prestance, pourtant pilier central de la série. Après, l’autre défaut provient du fait que je n’ai pas retrouvé le psychopathe dans toute sa splendeur. Alors qu’il était jouissif de voir une poupée tuer des gens avec délectation et un soupçon de danger, il se retrouve ici en tant que gros beauf vulgaire et parfois débile. Devant un film Chucky, je m’intéresse aux meurtres et autres machinations de son esprit machiavélique. Je me fiche royalement, pour ne pas dire « me retrouve embarrassé », de voir que des poupées peuvent coucher ensemble. Qu’elles peuvent vivre une scène de ménage. Que Chucky puisse avoir des moments sentimentaux, pas forcément crédibles. Non, je trouve que cela ridiculise un maximum le personnage, lui faisant perdre tout l’aura qu’il avait depuis Jeu d’enfant.


D’accord, je veux bien comprendre que l’on puisse aimer ce long-métrage. Surtout que je suis souvent l’un des premiers à prôner le renouveau dans une franchise, comme c’est le cas avec La Fiancée de Chucky. Mais pour moi, ça sera un non pour cette comédie horrifique certes réalisée avec savoir-faire. Cependant, en perdant le protagoniste éponyme et en le dénaturant, la saga perd son plus grand atout et donc de son intérêt. Je ne me suis pas ennuyé, mais je ne me suis pas spécialement amusé non plus. Et encore, je n’ai pas encore vu Le Fils de Chucky qui, d’après bon nombre de personnes, emmènerait Chucky dans les tréfonds du navet horrifique.

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le 24 août 2016

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