Je ne crois pas aux Beatles, je ne crois qu'en moi

Quel enfoiré ce Ferris...


Non mais si l'on passe deux secondes sur son aura de jeune prophète reconverti en vendeur de dentifrice, Ferris Bueller est quand même un type qu'on a pas forcément envie d'avoir comme pote. Ferris c'est le mec qui brille en toute circonstance, on ne s'en fait pas pour lui, jamais. On sait tout de suite qu'il va réussir sa vie le Ferris, qu'il parviendra à faire ce que bon lui semble sans trop se forcer. La différence entre Ferris et nous c'est qu'il fait les choses plutôt que d'y penser en préambule et retourner le problème dans tous les sens.


Dans ce film, nous sommes catapultés sur le devant de la scène, en contact permanent et complice avec Ferris et sa bande. Si d'emblée, le portrait de Ferris nous apparaît comme celui d'un adolescent tellement cool qu'il parviendrait à tout te faire croire avec son bon mot et sa belle gueule, on est bien obligé de se rendre à l'évidence qu'il est en train de te convaincre qu'il s'intéresse à toi. Or, c'est faux, Ferris est un personnage, une façade de briques aux trous épars ; de loin, beau, de près, branlant. Ferris ne s’intéresse pas vraiment à nous en début de projection comme il ne semble pas tenir compte de l'avis de Cameron, son pote de toujours.


Dans l'histoire, Cameron c'est vous, c'est moi, c'est un gars normal à qui il n'arrive jamais rien. Ses parents, bien que très aisés, n'ont jamais réussi à faire de lui un gagnant dans la vie. Cameron n'est pour autant pas un perdant, juste un type paumé comme on pouvait l'être à la sortie du Lycée ; sans véritable avenir ni motivation mais craintif. Cameron est craintif de tout, lui qui se sentirai presque mieux une fois malade. Mais ce qu'il craint le plus c'est de décevoir ses parents, de ne pas faire les choses bien. Lorsqu'on cherche trop à bien faire les choses en se montant le choux pour tout, on finit par ne rien faire du tout.


Pour tout Cameron il y a un Ferris.


Pour Ferris Bueller, cette journée se doit de rester dans les anales, aussi a-t-il tout prévu. Voilà qu'il nous apparaît au lit, les mains moites et la mine abattue, à faire semblant d'être malade pour sécher les cours et s'offrir sa journée. Si ses parents tombent dans le panneaux pour la neuvième fois, Ferris , lui, profite de leur crédulité pour s'offrir une virée en voiture de luxe en compagnie de Cameron et de Sloane, sa nana. Entre deux stratagèmes caustiques souvent très casse-gueules mais néanmoins couronnés de succès, Ferris et ses compères partent prendre une pause dans leurs vies à Chicago.


Parce que de temps en temps il faut faire des pauses, qu'il dit, l'ami Ferris. Il a bien raison. Non pas que sécher les cours et partir en ville s'éclater soit un bon exemple (qui ne l'a pas déjà fait, sérieux), La folle journée de Ferris Bueller nous parle de cet âge d'avant la majorité où rien ne semble vraiment nous intéresser. On se fiche de ce qu'on fera d'ici vingt ou trente ans, c'est loin tout ça. Et puis pourquoi aller s'enfermer dans une profession qui ne nous satisfera que très peu ? Ferris, Cameron et Sloane sont tous trois au même point : l'avenir est bien éloigné, alors profitons un peu tant qu'il est possible, tel est le credo de cette journée.


Arrivé en fin de film, on oublie que Ferris peut parfois se montrer égoïste, on est seulement un peu jaloux.


La folle journée de Ferris Bueller met de bonne humeur, c'est indéniable. Le regarder c'est l'assurance de passer un très bon moment en la compagnie de ses protagonistes. On rit beaucoup, le personnage d'Ed Rooney et de la sœur de Ferris faisant le travail pour nous concocter des situations aussi absurdes que désopilantes. Si le film est critiquable sur son caractère parfois trop nonchalant on l'oublie bien rapidement.

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le 19 juin 2016

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Fosca

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