C'est aussi ça l'amour

Il est bizarre ce film. Il est indubitablement mauvais, mais il y a quelque chose de fascinant.

L'intrigue est bien foireuse. Le premier tiers fait croire qu'on a affaire à un slasher (le tueur se promène avec sa boîte à outils et une cagoule et tue 4 ou 5 femmes en seulement 30 minutes). C'est généreux, surtout que le tueur s'efforce de changer d'outil à chaque meurtre ; on en vient alors à se demander comment il va maintenir cette originalité à ce rythme vu qu'il reste encore une heure de film... et c'est là justement que l'auteur décide de partir dans une autre direction : le tueur kidnappe une de ses victimes. On part alors dans un délire assez étrange, inspiré de faits réels apparemment, avec ce kidnappeur qui a perdu un boulon (ceci dit ça justifie le montage bizarre du début...). L'intrigue est souvent incohérente : les personnages font n'importe quoi, le flic qui enquête est un gros lourd susceptible (au point d'envoyer bouler l'ado qui lui donne une bonne piste). La fin est très étrange, complètement inattendue, bien malsaine.

La mise en scène n'est pas aussi mauvaise que je l'aurais cru. Certes, le montage du début est assez mauvais (ou bien c'est ma copie qui déraille, c'est tellement bizarre), mais par la suite, le découpage fonctionne globalement. Les agissements incohérents des personnages sont bien appuyés par la mise en scène (la nana qui entre habillée dans sa douche pour couper l'eau alors qu'il suffisait de tendre la main ou encore la nana qui découvre le corps et qui, au lieu de fuir et appeler la police, entre et s'agenouille à côté du cadavre, posant une main sur le genou) ; il en ressort un ton surréaliste renforcé lors des mises à mort : celle qui prenait son bain tranquillos et qui 'fuit' : cette scène est tellement longue et absurde que ça en devient surréaliste et poétique. En fait, le réalisateur prend son temps pour raconter, et ça fonctionne assez bien, ça fait même penser aux films à la Tarantino ou à la Coen, surtout quand la musique ringarde va bien fort. Les acteurs ne sont pas trop mauvais non plus : j'ai particulièrement aimé Cameron Mitchell qui n'a pas l'air bien du tout ainsi que Wesley Eure. Les gonzesses sont plutôt mignonnes, l'une d'elle (une actrice porno) joue complètement à poil (elle tourne toujours d'ailleurs et fait une très belle MILF).

Bref, malgré toutes ces maladresses au niveau du scénario, le réalisateur parvient à sauver quelques meubles en imposant une vision un brin surréaliste. Mais bon, ça reste trop mou pour être vraiment bon.