À l’aube de cette nouvelle décennie, où les films de guerre reviennent en force, avec les sorties de 1917, Jojo Rabbit et De Gaulle, il est bon de réviser ses classiques. La Grande Illusion de Jean Renoir en est un. Cette réalisation de 1937 nous présente Jean Gabin et Marcel Dalio en lieutenants français, emprisonnés par les Allemands, lors de ce qui n’était pas encore appelé la Première Guerre mondiale. Nos deux protagonistes, à la rage de vivre indéfectible, font alors tout ce qui est en leur pouvoir pour s’échapper, malgré les militaires et leurs infrastructures, sans compter le froid hivernal qui les entoure. Dans l’attente de cette évasion, le quotidien des prisonniers de guerre de cette époque nous est présenté.
Une grande jovialité ressort malgré tout de la situation de nos héros, dont la vie n’est pas aussi difficile que nous pouvions l’imaginer. En effet, grâce à la fraternité entre camarades emprisonnés, et les généreux colis de vivres envoyés par leurs proches français, la captivité est, finalement, on ne peut plus vivable. Néanmoins, la soif de liberté est plus forte. Le film aurait pu s’intituler « La Grande Évasion », mais le but premier de Renoir n’est pas tant de montrer l’acte de libération que l’espoir et la conviction qui amèneront à ce dernier.
L’homme est en effet plein de ressources lorsqu’il est déterminé. Le choix de Jean Gabin pour interpréter le personnage du Lieutenant Maréchal, obstiné dans sa recherche de liberté, est des plus judicieux, tant il réussit à jouer l’homme têtu, tout en restant touchant. L’humanité est ainsi représentée, grâce au portrait de ce personnage qui ne cherche qu’à retrouver sa vie, mais aussi grâce aux liens qui se tissent entre tous les protagonistes masculins, allemands ou français, prolétaires ou de classe sociale plus aisée, tous unis malgré eux par le désastre de la guerre.