La Grande menace
6.9
La Grande menace

Film de Jack Gold (1978)

J'ai revu avec intérêt ce film il y a quelques mois lors de son passage sur les chaînes cinéma, curieux de vérifier si ma première impression lors de sa sortie fin 1978 était encore valide ; même si j'avais dû le revoir entretemps en VHS, quoi qu'il en soit, ça faisait un bail, et en le revoyant, tout me revenait en tête.

Faut dire qu'à 19 ans, j'emmagasinais un paquet de choses, et découvrir la télékinésie, voir qu'un type frappé à mort pouvait encore respirer sur un lit d'hôpital, et voir que son cerveau pouvait déclencher à distance des catastrophes, ça marquait un peu l'esprit, c'était un très curieux sujet à l'époque. En plus voir Lino Ventura dans un environnement anglais (le film étant une co-production franco-britannique), ça aidait aussi à rester dans la mémoire.

Le film se présente comme un thriller fantastique car c'est un étrange mélange de polar londonien, de fantastique ésotérique et de film catastrophe, surtout pour la scène finale plutôt surprenante qui voit s'écrouler la cathédrale de Westminster. La présence de Lino Ventura s'explique aussi parce que son personnage de flic français collabore avec le Yard dans le cadre des échanges internationaux ; le casting est riche car outre la présence de Lino, il y a quand même Richard Burton (même s'il passe les 3/4 du temps allongé sur un lit médicalisé et la tête enroulée de bandages), ainsi que l'Américaine Lee Remick en psychiatre qui cache bien son jeu. Le reste du casting voit un bataillon de bons seconds rôles britanniques, avec Harry Andrews, Jeremy Brett (futur Sherlock Holmes d'une fameuse série TV), Alan Badel, Michael Hordern, Derek Jacobi, Gordon Jackson ou Michael Byrne... on a même Marie-Christine Barrault dans un rôle très court.

L'intrigue est à priori peu crédible, mais elle finit peu à peu par paraître plausible, le réalisateur nous précipite avec un grand sérieux dans cette enquête ténébreuse dont le sujet de base est intéressant. Le petit bémol c'est que la narration n'est pas toujours habile, l'intrigue patine un peu trop avant de se libérer vraiment dans les 20 dernières minutes. Cependant, le réalisateur prend soin de ménager certaines zones d'ombre sur les forces conjuguées de la police et de la médecine où l'on peut laisser vagabonder notre imagination, de même qu'on y décèle par l'entremise de John Morlar, le personnage torturé de Burton, une vision de l'humanité d'une grande noirceur.

La musique participe à une certaine angoisse, l'ambiance british est soignée, il y a quelques petits moments flippants, bref on ne s'ennuie pas malgré les légers défauts évoqués ; on peut aussi regretter que l'association Burton-Ventura ne soit pas pleinement exploitée car ils n'ont pas une vraie scène frontale ensemble.

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le 20 avr. 2024

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Ugly

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