La Grève par zardoz6704

Le récit d'une grève dans une usine, avec l'acte déclencheur (un ouvrier se suicide après avoir été accusé de vol à tort), les premiers meetings, la tentative de provocation du patronat, qui fait incendier un immeuble sur le parcours de la manif' à l'aide de voleurs qui enjoignent (en vain) les ouvriers à piller, le brave mec piégé et obligé de moucharder, le massacre final, et le carton "souviens-toi, prolétaire !"

--------------------------------------------------------------
ça me rappelle une remarque de Welles, qui situait Chaplin et Eisenstein comme deux opposés. Chez Chaplin le fond est beau, la forme déplorable, et chez Eisenstein ce serait l'inverse.

Ben faut avouer que le découpage scénaristique est à la fois trop facile à suivre dans son ensemble et trop saccadé, fait à la diable dans le détail. Même si c'est le groupe des ouvriers qui est au centre de l'action, ce qui est indéniablement original, on nous introduit des personnages qui au final ne serviront à rien.

Au niveau de la forme, en revanche, c'est un bouillonnement sans retenue, avec bien trop de trouvailles pour être listées, mais dont émergent quelques pépites :
Le défilé des mouchards, tous avec une caractéristique physique marquante (le hibou, le bouledogue, etc..). Ils apparaissent dans des sortes de cases, un peu comme un menu de "Street Fighter". Troublant.

Les surimpositions du faux aveugle, sérieux en costume, et riant dessous.

Des scènes de baignade d'ouvriers très homoérotiques.

Des capitalistes odieux et indifférents, comme noyés dans leurs décors immenses.

Une scène de carnage où l'on n'hésite pas à nous montrer des nourrissons en train de caresser des chats jetés du haut du premier étage.

C'est dommage que l'ensemble final ne soit pas à la hauteur de ces moments de photogénie sublime.