Bien que je sois d'abord passionné d'horreur et que je partage avant tout des avis sur les sorties fantastiques en général, il est aussi important pour moi d'élargir de temps en temps mon spectre pour évoquer des films dont il faut absolument parler.
Et c'est le cas avec LA JEUNE FEMME À L'AIGUILLE, drame danois, qui bien qu'il n'est absolument rien à voir avec de l'horreur, n'en reste pas moins éprouvant à regarder.
L'histoire se déroule en 1919 dans un Danemark ruiné par la première guerre mondiale. Une jeune femme, dont le mari parti au front n'a plus donné de nouvelle depuis plus d'un an, tente de survivre dans une situation plus que misérable. Toutes les mains tendues sont bonnes à prendre pour s'extraire de sa condition.
Alors là franchement l'heure n'est pas à la rigolade, voici un film froid, nihiliste et désespéré, complètement dans l'aire du temps, qui retransmet avec une froideur cohérente, la condition des femmes dans une Europe moribonde, dévastée par la Grande Guerre.
Tout est emprunt d'une tristesse palpable qui transpire à l'écran, mis en exergue par une photographie en noir et blanc des plus sublimes.
On ressent toute la misère du monde pendant tout le film, ce sentiment de désespoir ne nous quitte pas une seconde.
On suit donc la tentative de survie d'une jeune femme naïve, esseulée, prête à tout pour se sortir de la misère, quitte à se jeter dans la gueule du loup.
Elle trouvera dans ses pérégrinations, l'aide d'une femme plus âgée qui l'a prendra sous son aile au moment où elle s'apprête à commettre l'irréparable.
Derrière ses airs de mère bienveillante, se cache en réalité une vérité bien plus sombre et fataliste.
N'essayez pas de trouver la moindre lueur d'espoir, même si ce film en contient, elle ne dure pas bien longtemps, vite rattrapée par la cruauté du quotidien. Une alternance entre les hauts et les bas, où l'on monte d'un étage pour chuter du haut de l'immeuble, et la métaphore n'est pas exagérée.
Dans un manifeste douloureux et sans équivoque sur la difficulté d'être une femme à cette époque, le réalisateur nous bombarde de toute cette noirceur âpre, véritable coup de massue derrière la tête, mise en scène avec brio et interprété par un duo d'actrices incroyables.
Leur jeu tout en nuance, qui colle à merveille avec le noir et blanc, nous fait remettre en cause notre morale. Qu'aurions nous pu faire de mieux à leur place ?
Un constat désolant, d'autant plus qu'on arrive à avoir de l'empathie avec presque tout les personnages, même les moins avenants et les moins sympathiques.
Un drame puissant, bouleversant, d'une époque sordide, sur ce que la guerre à recraché d'horreurs en tout genre.
Difficile de rester de marbre devant LA JEUNE FEMME À L'AIGUILLE, l'impact dramatique l'emporte sur les atrocités dans un torrent de noirceur, bien plus éprouvant que la plupart des films d'horreur qu'il m'ait été donné de voir cette année, oui ce film fait peur. Vous voilà prévenus.
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