La Journée de la Jupe a un sujet casse-gueule, difficile de ne pas tomber dans le pathos et la facilité avec cette prise d'otage dans un collège de banlieue. Il y a bien quelques maladresses mais globalement le film s'en tire pas trop mal.
Le déclic qui fera basculer cette prof de français est correctement amené, il arrive pendant un cours banal, le cours de trop. On sent que Sonia Bergerac fait cela par désespoir de cause, qu'elle veut juste une journée normale. Le film poursuit en se concentrant sur l'évolution de ce personnage mais aussi des élèves enfermés, qui possèdent chacun un point de vue différent sur la situation. C'est un bon point : chaque ado a un passé différent et une conception propre du respect, de vie en banlieue et de l'école. Il y a les caïds et ceux qui ont laissé tomber mais aussi ceux qui veulent simplement venir en cours sans se faire harceler.
Le scénario ponctue cette prise d'otages par quelques changements de situations bien vus mais qui ne vont pas au bout de leurs idées. Il y a également quelques scènes assez bizarres, qui arrivent sans trop de justifications, mais on peut toujours mettre cela sur l'état psychologique de la prof qui est à bout de nerf. On notera quand même que les élèves font quand même assez les malins devant une arme à feu, ce qui est loin d'être réaliste.
Mais le portrait le plus réussi, ce n'est pas celui du collège difficile ni de la banlieue enfermée sur elle-même, c'est celui de l'organisation de l'éducation au niveau de l'établissement et du ministère. Le film dépeint une situation difficile, où les profs font la police et doivent négocier avec les élèves, où le principal ne fait rien car il a les mains liées et où l'académie n'agit pas parce qu'elle n'a pas de meilleure alternative à proposer. L'hypocrisie des collègues de Sonia Bergerac a quelque chose de vraiment d’écœurant, tout comme celle du principal qui préfère partir plutôt que d'affronter les parents et les journalistes.
Isabelle Adjani et Anne Girouard jouent particulièrement bien dans ce film, mais l'ensemble du casting est bien dirigé, à l’exception de Jackie Berroyer qui n'est jamais juste. Le casting croit à cette histoire et par conséquent les spectateurs aussi, dommage que cette fin peu réaliste vienne assombrir le tableau. Un film avec un propos intéressant cependant.