La La Land s'ouvre sur une séquence qui établit d'emblée ses thèmes majeurs : le rêve et la réalité. Cette dualité est constamment explorée tout au long de l'histoire, oscillant entre un monde fantasmé, onirique, et un autre plus terne, sombre, teinté de tristesse, réaliste.
Le monde réel dans lequel se déroule l'histoire laisse sporadiquement place à des parenthèses enchantées, des moments fugaces de rêve éveillé lors de soirées, de rencontres ou d'instants de bonheur. La chorégraphie initiale, brillamment orchestrée dans "Another Day of Sun", se déroule de manière irréelle, avec un orchestre surgissant littéralement d'un camion, pour se terminer abruptement et ramener brusquement le spectateur à la réalité bruyante des embouteillages et des klaxons. Les séquences du planétarium, où les protagonistes s'envolent dans l'espace, ainsi que la scène finale, illustrent également ces moments où le rêve prend le pas sur la réalité.
Ces instants oniriques deviennent le symbole même de la magnifique histoire d'amour entre les personnages, une histoire pourtant ancrée dans la réalité. La conclusion inattendue surprend mais c'est précisément ce choix qui confère au film sa saveur singulière. Comme l'a souligné Damien Chazelle, la fin se veut "ni tragique, ni triomphante, mais romantique". Cette perspective trouve écho en moi, car les personnages, poursuivant des rêves communs et individuels, sont confrontés à des choix difficiles et inévitables. La beauté du film réside dans le fait que ces deux âmes se sont mutuellement aidées à réaliser leurs aspirations, une morale aussi touchante que réaliste. La fin subtile et émouvante conclut, pour moi, le film de la plus belle des manières.