Il y a mille définitions pour le terme "âmes sœurs", et mille théories sur leur existence.
Je crois que Damien Chazelle nous donne ici la sienne, et qu'il y croit.
Mia et Sebastian s'aiment avec une facilité déconcertante, sans jamais toutefois que leur amour n'ait l'air superficiel; ils s'aiment dignement, aussi, ce qui est chose rare au cinéma. Pas de coup bas.
Ce qui les attire et ce qui les sépare, c'est la bienveillance qu'ils ont l'un pour l'autre. Si deux âmes sœurs se rencontrent pour catapulter le succès et le bonheur de l'autre, alors, Mia et Sebastian en sont bien.
L'histoire d'amour est simple et intemporelle. Elle me rappelle beaucoup celle de "It's a wonderful life", et d'ailleurs, Ryan Gosling, dans sa gaucherie et sa tendresse, a des airs du grand James Stewart.
Elle se joue sur une année (encore que ce soit discutable), théoriquement à notre époque. Je ne crois pas que ce soit seulement par esthétisme que le film évoque beaucoup les années 50/60 (époque bien sûr de prédilection du jazz et du golden age hollywoodien), mais aussi par volonté de servir ce sentiment d'intemporalité. Damien Chazelle joue sur tous les tableaux, et l'on se retrouve propulsé au cœur des 80s, puis des 50s, et enfin de nouveau à nos jours. Mais toujours en technicolor! Le rendu est sublime, et d'un bleu si intense et pénétrant, comme les deux chansons toutes nostalgiques qui servent de trame au film.
Je sais qu'il s'agit d'un hommage à un genre, la comédie musicale, mais je regrette les artifices - trop nombreux - qui font traîner le film en longueur. Par moment, mais ça c'est toujours la frustration des gens qui aiment les comédies musicales à faible dose seulement, j'ai souhaité que certains morceaux musicaux soient écourtés pour laisser place à plus de dialogue entre les deux protagonistes. Ils sont si prodigieux ensemble que je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est du gâchis.
Quant à la naïveté du film, elle m'étonne quand elle dérange. "La La" Land, Mesdames et Messieurs. La La Land.