La La Land fait partie de ces films qui passent par là où on les attend, jusqu'à se rappeler du sursaut qui nous le fera pardonner.
Emma Stone est le plus joli et le plus complexe des arguments. Elle emplit le film de sa surprise et de son hypersensibilité et nous pend ainsi à chacun de ses gestes, qui certes, ne sont pas parfaits, à l'image de son chant et de ses pas de danses, mais qui dépassent par leur imperfections tout saut de cabri milllimitré par la machine de guerre 'Hollywood'. Car si Damien Chazelle rend un hommage évident au Cinéma, il ne s'en contente pas. Il ne faudrait donc pas oublier d'ou ce film vient. Le réalisateur ne manque pas de nous rappeler que ceci n'est qu'une vaste supercherie. Pour ma part, il est mille fois pardonné.


Mia est une actrice qui sert des cafés entre ses auditions, toutes aussi foireuses les unes que les autres. Sebastian est un talentueux et exigeant pianiste qui joue par-ci par-là pour subsister, uniquement. Et à cela, oui Ryan Gosling joue toujours aussi bien l'inexpression.
Ils vont se rencontrer hasardeusement, plusieurs fois , avant de se sonder puis de s'aimer éperdument, disons-le.
Lui, a le sens des obligations uniquement lorsqu'il s'agit de pianoter ou plus récemment quand il est question de la belle.
Elle, maline et vivante, se laisse emporter par l'ardeur de Sebastian jusqu'à une scène buttoir : Celle du repas surprise ou 'L'art de l'élève qui dépasse le maître' de toute évidence chère à Damien. Réalisant l'emprise que chacun exerce sur l'autre, elle décide de les en délivrer, leur laissant ainsi toutes les chances de s'élever vers l'avenir glorieux qu'ils s'efforcent de construire.


Contrairement à Whiplash, La La Land n'est pas un film sur la musique mais un film d'amour à mi-chemin entre doux rêve et brute réalité. Le point de contact : Le sacrifice. L'idée qu'on ne peut pas avoir le trône et la pureté, que la passion demande du travail acharné, et à son élève, l'entière disponibilité de son âme.

A première vue léger et entraînant, le film nous emporte dans un vertige dilemmatique où l'ultime choix entraînera inévitablement la souffrance.
Il se dessine alors comme une ode tragédico-amoureuse nourrit d'un souffle vrai et vigoureux, plein d'espoir en un monde qui n'en a pas pour ces personnages.
Le reste (car c'est comme ça que l'on a envie de l'appeler) est à l'image du regard méprisant de Sebastian sur son environnement, pas réellement sauvable, même lorsque ce même regard s'adoucit pour y laisser entrer un peu de chaleur. Bon, on lui pardonne John Legend ? Pas sûr pour ma part, quand bien même il lui donne un rôle de salaud.
La réalité n'est pas belle. Le seul garant de la pérennité c'est le rêve. Le rêve au sens social, figuré par l'ambition sans fin de nos deux personnages, puis son lyrisme, exprimé par la musique ou la danse, avant d'atteindre son sens métaphysique : Le rêve éveillé, celui que nos deux personnages s'accordent à vivre par leur union.


Hyperactive, sa caméra nous porte à travers l'histoire avec emphatie complète, elle ne manque pas de tournoyer et de s'envoler à l'image des esprits et des corps qui traversent le film. Pourtant La La Land échappe au racolage et en est loin car il ne prétend à aucune morale voilàcommentçasepasselaviecoco mais admets qu'il y a un après qui surpasse les regrets, un espoir en un amour transcendentale, simple et pur ; Tranchant face à un monde qui ne donne rien et ne rend pas grand-chose. Vide face auquel seul le dépassement de soi peut lutter. Surenchère et dépassement qui atteint son point culminant lors de la dernière séquence : Une envolée dans le « ce qu'on aurait pu être » à mon sens superflue, mais qui transpire de simplicité lorsqu'elle s'invite dans leur dernier regard, comme une promesse d'éternité.

Julie_Blanvilla
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le 25 janv. 2017

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