C'est compliqué de parler de La La Land. C'est compliqué parce que j'ai envie de tout dire, mais aussi de tout garder pour moi afin de ne pas vous gâcher la surprise qu'est le film, car c'est véritablement ce qu'il est: une surprise. Un véritable coup de maître de la part de Damien Chazelle. Alors oui, tout le monde l'attendait au tournant après l'excellent Whiplash sorti 2 ans plus tôt, et justement, la surprise en est que plus frappante, car beaucoup s'attendait à une simple transformation d'essai, voir un film un brin inférieur que Whiplash, mais que neni, La La Land est bien plus qu'un essai transformé: c'est celui qui met fin au match et qui fait de son réalisateur le vainqueur.
Car voilà, La La Land est tout bonnement incroyable. Et j'en suis le premier surpris. Je m'attendais à avoir des choses à redire sur le film, mais non, rien. Même Interstellar, qui est concrètement mon film préféré, je vois ses défauts, ne serait-ce qu'en matière de faux raccords, mais en ce qui concerne La La Land, non, rien. Je suis aller voir le film accompagné, et la fin de la séance, ladite-personne m'a posée une question que j'ai entendu des milliers de fois, une question à laquelle j'ai toujours eu réponse avant : "alors, t'as pensé quoi du film ?".
Et là, pour la première fois de ma vie, rien, des sons, de toutes évidences, mais rien d'assez consistant afin de former ne serait-ce qu'une suite de 3 mots cohérents. J'étais subjugué, conquis, admiratif, en amour, heureux, surpris, vidé, émus aux larmes, j'avais envie de danser, chanter, prendre la première caméra qui me tombait sous la main et faire des films, j'avais envie de revoir le film une deuxième à l'instant même, d'aller le voir plus de 100 fois, en bref : j'ai pris une claque.
J'ai pris une vraie claque cinématographique, une comme jamais je n'en avais pris auparavant.
Parce que la réalisation est incroyable, la beauté des plans est sans pareil et donne un cachet tel à la ville de Los Angeles qu'on dirait presque qu'elle est coincé dans une sorte d'espace-temps qui la placerait de manière constante dans le fameux "instant magique" d'Hollywood. Et les plans-séquences maîtrisés à l'image près, et d'une complexité tout bonnement ahurissante, ne serait-ce que la première scène du film, qui est d'une perfection sans nom, et celui qui compose la scène de A Lovely Night et celui de City of Stars, scènes dont la perfection est rendue possible par l'incroyable talent des acteurs : Emma Stone, qu'on ne présente plus, mais aussi Ryan Gosling, qui délivre ici sa performance la plus touchante et la plus tout en finesse de sa carrière jusqu'ici. Mais évidemment, le point fort de ces scènes, c'est leurs musiques, et bon dieu, quel travail, quel incroyable travail accompli par Justin Hurwitz, à qui l'ont devait déjà les musiques de Whiplash, et qui, avec La Land, passe lui aussi du rang d'élève à celui de maître, et je le dis en le pensant sincèrement : le duo Chazelle/Hurwitz sera comparable au duo Spielberg/Williams d'ici quelques années s'ils continuent sur cette voie. Mais surtout, l'écriture du film, qui atteint son paroxysme à la fin avec cette version alternative du film qui se déroule devant nos yeux, pour conclure sur une fin tout en finesse, qui ne tombe ni dans le mélodrame, ni dans une recette aseptisée d'originalité ou d'émotion, et le tout du film accompagné par des dialogues tout bonnement parfaits. Et le montage ! Ce montage est si bon, et ça fait tellement de bien de voir ça après que 2016 nous ait donné cette hérésie, cette véritable insulte même, qu'est Suicide Squad.
Bref.
La La Land est un chef-d'oeuvre, un film qui fera date dans l'histoire du cinéma. C'est un film qui a pris tout ce que son genre avait fait de mieux et les a perfectionné tout en leur rendant hommage. Est-ce que La La Land est la meilleure comédie musicale qu'on ait pu voir jusqu'à maintenant ? Seul vous êtes juges, en tout cas, c'est mon avis. Est-ce que La La Land mérite toutes les récompenses et les nominations ? Oh que oui, peut-être même plus encore.
Il faut aller voir La La Land, parce que ce film est une des expressions les plus pures du mot "Cinéma" qui nous aura été donné de voir jusqu'à maintenant, parce qu'en regardant ce film, on ne regarde pas un film, un regarde du Cinéma.