Mais bien sur que si, vous voyez très bien ce que je veux dire.
Vous savez aussi comment ça se passe à chaque fois. Pour commencer, un film sort. Et là, tout le gratin de la mare (aux canards) s'enchante, et vous répète ad nauseam que c'est le plus beau film de l'année, voire du siècle, ou même de tous les temps ; que les acteurs sont fabuleux, les décors somptueux, la musique irrésistible, la mise en scène incroyable, et que d'émotion, de beauté, d'imagination, de perfection...
Sur ce, vos amis se séparent en deux catégories : ceux qui ont vu le film et ceux qui ne l'ont pas vu. Ceux qui l'ont vu joignent leurs voix à celles des médias, et una voce dicentes qu'il est genre trop bien quoi, et que c'est mortel, et que tu devrais trop aller le voir... les seconds quant à eux, on ne sait trop pourquoi, font comme les premiers.
Alors, vous allez le voir, en traînant un peu les pieds, la curiosité un peu éveillée quand même par les (très nombreux) témoignages de vos amis.
Et en sortant, vos amis vous interrogent, et alors, t'en a pensé quoi, etc... et vous de répondre à peu près ceci : « Je suis d'accord avec vous sur les qualités de ce film. Il est beau, bien fait, supérieurement réalisé, techniquement irréprochable. Mais je n'ai pas pour lui le même amour que vous, que voulez-vous, il ne m'a pas touché ». Bon, il est très probable que vos amis vous déchiquettent à coups de dents avant que vous n'ayez fini la dernière phrase...
Toute l'histoire que je viens de vous raconter montre un peu mon expérience de La La Land. Techniquement parfait (le plan-séquence d'ouverture est incroyable), il m'a laissé complètement froid. À cause des enjeux insuffisamment approfondis ? De mon peu d'intérêt pour les comédies musicales en général ? Du discours pro-Jazz assez soûlant à la longue ? Des chansons assez répétitives ? Du film en tant qu'hommage, à tel point que ça en devient omniprésent ?
Toujours est-il qu'on a affaire à un film très intéressant intellectuellement parlant. En toute objectivité, le rêvé crée vous dira qu'il est très bien fait. Demandez-lui de vous citer ses trois films préférés de l'année, La La Land n'en fera pas partie. Pas assez prenant, dormez bonnes gens.
On notera une fin aux respectables testicules, qui arrive enfin à procurer au spectateur ce sentiment de nostalgie et de bonheur qu'il aurait voulu ressentir pendant tout le film. Trop tard, mais peu importe. Ite Missa est, passons à autre chose ; mais avant cela, on gardera bien ce superbe finale en mémoire, des fois qu'on voudrait re-visionner une scène prenante et dramatique au sein d'un long-métrage superbement inintéressant.