Damien Chazelle n'a jamais caché avoir une immense passion pour Jacques Demy : et on le comprend. La poésie et la musicalité des films de Demy en font des œuvres singulières, des madeleines de Proust. La La Land est un film truffé de références chères à Chazelle, mais ici, j'ai envie de parler de l'influence de Demy. Tout commence par LA scène d'ouverture, mémorable, gravée dans les meilleurs scènes d'ouverture du cinéma, indéniablement, avec cet immense plan séquence chorégraphié. Cette scène musicale rappelle bien évidemment la scène du transbordeur des Demoiselles de Rochefort, et c'est d'ailleurs avec ce dernier que j'ai eu le coup de foudre pour Jacques Demy. C'est donc avec une immense joie que je découvre un film semblable au 21ème siècle. Même si Chazelle a une préférence pour les Parapluies de Cherbourg qui l'ont fort influencé tout au long de sa carrière, c'est vers les Demoiselles que j'ai assimilé La La Land. Les décors et les couleurs du film sont si belles, si nombreuses et si éblouissantes qu'elles ont un effet de béatitude sur moi. Les différentes robes colorés et chatoyantes, rappellent les magnifiques robes de Rochefort.
A noter que le duo Gosling/Stone marche une de fois plus à l'écran. Force est de constater que les acteurs du film ont mis du cœur à l'ouvrage pour que le film soit le plus sincère possible, en apprenant le piano pour Ryan Gosling, ou en apprenant la danse et les claquettes pour Emma Stone.
C'est au fil des 4 saisons que l'histoire de Mia Dolan qui se rêve actrice et de Sebastian Wilder qui se rêve grand musicien de jazz se croise. L'histoire d'amour est évidente, mais les plans de carrière de chacun ne sont plus compatibles avec cette histoire naissante. Alors, comme dans les Parapluies de Cherbourg, il n'est pas ici question d'une happy ending comme dans les Demoiselles de Rochefort. Ici Damien Chazelle veut montrer l'importance que certaines personnes peuvent avoir dans notre vie. Ils ne sont pas spécialement nos âmes sœurs, mais sur le long chemin de la vie, ils apportent leurs pièces à l'édifice et façonnent, portent les personnes que nous sommes. C'est ainsi que s'inscrit l'histoire de Mia et de Sebastian.
J'ai volontairement accentué les liens que je faisais de La La Land avec Les Demoiselles de Rochefort, mais les références sont très nombreuses dans les œuvres musicales de Chazelle : Beau fixe sur New York, Chantons sous la pluie, Le danseur du dessus....
Je ne retrouve plus cette manière de faire de si beaux films musicaux au 21ème siècle, comme si ce cinéma n'était dédié qu'aux planches de Broadway. Alors je me console avec Jacques Demy... mais heureusement, Damien Chazelle nous apporte la modernité de notre siècle pour refaire l'art de feu Michel Legrand et Jacques Demy.

Créée

le 13 juin 2020

Critique lue 292 fois

7 j'aime

1 commentaire

Neurastenie

Écrit par

Critique lue 292 fois

7
1

D'autres avis sur La La Land

La La Land
blacktide
9

Le crépuscule des rêves

Comment pouvais-je me douter que le slogan « Plus de passion, plus d’émotions » de mon interminable attente allait esquisser mon jugement quant à l’inévitable fascination prédestinée à ce rêve de...

le 8 févr. 2017

162 j'aime

35

La La Land
Velvetman
7

One from the Heart

C’est comme un ogre qui dévaste tout sur son passage ou un rollercoaster qui aplatit la moindre parcelle de bitume : le dernier film de Damien Chazelle, et la hype qui l’entoure, sont connus de tous...

le 21 janv. 2017

160 j'aime

4

La La Land
Gothic
8

Il faut sauver le sol de Ryan

Damien Chazelle ne s'est pas doré la pilule. Car la véritable performance avec son La La Land, c'est d'avoir donné le la en mettant facilement tout le monde au sol et au diapason, pour un résultat...

le 5 févr. 2017

123 j'aime

19

Du même critique

Juste la fin du monde
Neurastenie
10

Comment te dire que...

J'ai débuté mon initiation à Xavier Dolan par les Amours Imaginaires et malheureusement l'expérience ne fut pas très concluante, pour peu que la bande son était extra. Peu m'importe, je ne désespère...

le 9 août 2020

3 j'aime

Reservoir Dogs
Neurastenie
10

Yes i'm, stuck in the middle with you

Reservoir Dogs (1992) est le premier et selon moi, le meilleur film de Quentin Tarantino, même si je reconnais qu'un débat est possible pour justifier un autre choix de film : Pulp Fiction (1994) ,...

le 25 févr. 2021

3 j'aime

2