Pour toute personne amatrice de Jan Švankmajer, le voir reprendre un univers aussi fascinant et riche que celui de Faust et forcément un plaisir.


Mais tout d'abord qui est ce Švankmajer? C'est un tchèque, né tchécoslovaque, surtout connu pour ses courts-métrages qui ont influencé plusieurs cinéastes comme Tim Burton, les frères Quay et Terry Gilliam (qui à mis un des courts-métrages de Švankmajer dans sa liste des 10 plus grands œuvres animés de tout les temps).
Pour faire simple c'est un surréaliste, notamment maître dans le stop-motion, mais qui n'hésite pas à inclure des vrais êtres humains dans ses films (voir même à les animés eux-aussi). Il n'est donc pas exclusivement un animateur.


Commençons donc la critique:


Tout se déroule à Prague, durant les années 1990, où un homme (joué par Petr Čepek, dont ce sera le dernier film, il mourut peu de temps après) reçoit un tract de la part de deux personnes qui en distribuent représentant un plan de la ville, une carte si vous voulez.


Notre héros s'en débarrasse aussitôt et rentre chez lui. Dans son appartement il y trouve une poule, qu'il chasse. En récupérant un de ses œufs, qu'il casse, il va alors "déclencher" une tempête, regardant par la fenêtre il remarque que les 2 personnes distribuant les tracts l'observent. Il a compris que quelque chose d'étrange ce trame. Il décide de prendre la carte, il y en avait une dans sa boîte au lettre, et part pour vivre l'histoire de Faust.


Par la suite c'est la légende de Faust (reprenant les éléments des versions de Goethe et de Christopher Marlowe), il vend donc son âme au diable pour avoir Méphisto(phélès) à son service. Le principal intérêt du film est la pâte de Švankmajer, qui se traduit principalement par le mélange de 2 univers.


Le film mélange habillement le monde de Faust et le notre. Tout ce fait avec des marionnettes, qui représentent le monde Faustien, par exemple les apparition du diable (j'ai dit le Diable/Satan pas Méphistophélès) se font toujours sous la forme de marionnette (Švankmajer était marionnettiste).


Ce mélange est du au fait que le héros joue plus le rôle de Faust qu'il n'est véritablement Faust.
Je m'explique: on le voit rentrer dans une loge de théâtre où il se maquille et lit un texte dans le lequel il se présente comme Faust. On comprend que ce personnage est un acteur qui va jouer le rôle de Faust, sur scène, au théâtre pour son monde (qui représente l'univers de la légende de Faust) et qui joue le rôle de Faust dans le film. En gros, dans l'univers du film il joue le rôle de Faust au théâtre (c'est UN Faust), pour nous (dans le film) c'est LE Faust.


Et je trouve cette association géniale, ouvrant facilement la porte à des interprétations toutes aussi fascinantes les une que les autres. A titre d'exemple quand les marionnettes arrivent on n'hésite pas filmer en gros plan la main (c'est tout ce qu'on voit du marionnettiste) qui les contrôle. On peut se demander si cela ne représente pas la main de Dieu ou encore le destin.


Comme toujours avec Švankmajer il y a un côté cauchemardesque dans ses œuvres, de part l’esthétique vieillit et abîmée des marionnettes par exemple, et en même temps de l'humour, l'apprenti de Faust fait le pitre.


A la fin le diable est là pour reprendre son dû, on comprend que notre héros n'est qu'un acteur comme un autre pour incarner Faust, et qu'il ne faut jamais jouer avec le diable.


Il s'agit donc, comme souvent avec ce réalisateur, d'une œuvre fraîche qui change de ce qu'on l'habitude de voir. Pour moi un film à regarder sans hésitation!

Pookic
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le 25 sept. 2021

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