William Wyler, amant de Bette Davis, lui offre un film dont elle est protagoniste et où elle peut faire librement toutes les grimaces et autres simagrées qui lui plaisent. Or, non seulement elle n’a aucuns attraits, mais en plus elle ne convainc jamais. En effet, personne ne croit une minute ni à son personnage ni à l’intrigue se développant autour d’elle, mais qu’importe ! W. Wyler y aura certainement pris son pied.
Sans parler du plaisir charnel, Wyler se délecte un peu, surtout avec la scène d’ouverture, excellent plan présentant le chronotope, l’ambiance moite et langoureuse de la nuit malaisienne, les personnages et l’intrigue tout en surprenant gaiement le spectateur assoupi par cette tranquillité trompeuse. Le spectateur s’attend alors à du grandiose, qui n’arrivera jamais après cet effet d’annonce prometteur. Outre l’invraisemblance constante des personnages, de leur psychologie et du scénario, la mise en scène sans relief, le manque de grâce de Bette Davis et son jeu ridicule, l'absence totale de suspens, d’intérêt et d’empathie du spectateur frappe dans ce film noir. Reste la magnifique scène dans le quartier chinois, avec la femme vengeresse et ses pairs, fenêtre ouverte permettant d’échapper brièvement à ce marasme assoupissant.