Les prisonniers méritent-ils tous la mort ? Un chef d'oeuvre qui me fait toujours pleurer.

Il serait peut-être temps de parler de ce long-métrage non ? Je précise que je n'ai pas lu le livre du même nom avant de le regarder parce que je ne l'ai pas encore trouvé. Et puis, je ne vais pas comparer les deux versions parce que je préfère analyser un film tel qu'il est (et, de ce que j'ai compris, cette adaptation est très fidèle au livre tout en ayant quelques petits changements). La première fois que j'avais vu ce long-métrage, je faisais partie des jeunes qui ne supportaient pas les films de plus de trois heures, heureusement que j'ai changé avec le temps. Aujourd'hui, quand je revois ce long-métrage, je vois un véritable chef d'oeuvre qui arrive toujours à me faire pleurer. Nous allons parler de celui-ci en détails.



+ Positif



Personnages: Paul Edgecomb (Tom Hanks) est un gardien de prison qui est responsable du bloc E et de la Ligne Verte. Il prend son travail très à cœur sans se poser de questions sur les détenus malgré qu'il ai une forme de respect parce qu'il les considère encore comme des êtres humains. Il souffre d'une infection urinaire qui le fait souffrir plus que tout. C'est un personnage attachant qu'on a envie de voir réussir à arranger ses problèmes. Sinon, c'est de son point de vue qu'on va découvrir le bloc E et John Caffey.
John Caffey (Michael Clarke Duncan) est un grand enfant baraqué mais qui a très peur du noir. Il a été condamné à mort parce qu'il a été retrouvé près de deux fillettes tuées et violées. Je rappelle qu'on est en 1935 et qu'il était très difficile de bien se faire voir en tant que black. C'est un personnage très mystérieux qu'on a envie de mieux connaître et qui devient de plus en plus attachant.
Howell (David Morse) est le gardien le plus proche de Paul, on peut dire que c'est son second, mais c'est un gardien qui a su tirer des leçons de son ami. On ne sait pas grand chose de lui mais on s'attache à lui quand on le voit aider Paul, ce qui arrive souvent d'ailleurs. Il est vrai qu'il a moins de confiance envers les détenus que Paul, mais il lui fait assez confiance pour ne pas le trahir.
Hall Moores (James Cromwell) est le directeur du pénitencier et un bon ami de Paul. Sa femme souffre d'un cancer qu'il est impossible d'opérer et il a beaucoup de mal à accepter ça, ce qui se comprend quand on se met à sa place. C'est un directeur de prison qui évacue la tristesse de sa vie avec son travail, chacun à sa manière d'évacuer sa frustration et sa tristesse après tout.
Percy Wetmore (Doug Hutchison) est un gardien détestable qui profite de son autorité sur les détenus, qu'il voit comme des déchets, et prend son air supérieur avec ses collègues parce qu'il a des relations qui peuvent les faire renvoyer. C'est un personnage détestable mais nécessaire pour cette histoire. C'est un sale gosse qui a toujours eu ce qu'il voulait, il n'a pas mérité ce travail, c'est un membre de sa famille qui le lui a donner. A force de considérer les détenus comme les jouets, on est heureux de le voir se faire remettre à sa place plusieurs fois, que ce soit par ses collègues ou les prisonniers. Et puis, tous les gardiens n'ont pas encore un peu de cœur avec les détenus, il existe plusieurs types de gardien.
Edouard Delacroix (Michael Jeter) est un détenu qui s'est retrouvé dans la Ligne verte après avoir fait quelque chose d'horrible, même si on ignore quoi. Il est assez attachant par sa personnalité, surtout quand il rencontre Mr. Jingles, c'est comme si on lui avait rendu sa joie malgré cet endroit sombre et triste. En tout cas, j'apprécie le personnage de Delacroix dans cette version.
Wharton (Sam Rockwell) est le pire des prisonniers possibles pour une prison. Il adore provoquer les gardiens, retenir leur attention, se mettre en danger... C'est probablement l'homme le plus détestable qui existe sur Terre. On pourrait même aller jusqu'à dire qu'il s'agit du diable réincarné sur Terre (ce qui expliquerait sa dichotomie avec John Caffey). Sinon, il fallait bien montrer des êtres atroces, des personnes qui méritaient vraiment de finir sur la chaise électrique. Le monde n'est pas composé que de bonnes personnes, les êtres abjects font aussi partie de ce monde.


Représentation: En regardant ce long-métrage, à nouveau, je me suis posé une question. Et si la Ligne Verte était une manière de punir les enfants qui restent coincés dans l'enfance ? C'est vrai que c'est une punition cruelle mais cohérente. Les gardiens étant les adultes (dont Percy qui se la joue comme un adulte autoritaire alors qu'il est plus un sale gosse) et les détenus étant les enfants (bons, comme John Caffey, ou sale gosse, comme Wharton). C'est sûrement parce que ce sont encore des enfants ayant dépassé les limites de la tolérance des adultes, même si ce n'est qu'une approche personnelle.


Humour: Il n'est pas vraiment là pour faire rire mais plutôt pour illustrer certains personnages ou certaines situations liées au développement des personnages. Par exemple, voir Percy qui s'en prend à Delacroix le fait rire mais nous, spectateurs, ça nous le définit comme quelqu'un de détestable. Par contre, quand Delacroix rit de Percy après ce qui lui est arrivé, on ne rigole pas mais on se dit que c'est mérité. Bref, l'humour est travaillé pour le développement des personnages, rien de plus. Quoique, une ou deux scènes pourront vous faire rire à mon avis.


Jeu d'acteur: J'avais un petit peu peur que certains acteurs se retiennent mais je n'avais aucune raison d'avoir peur. Tous les acteurs sont pleinement investis dans leurs personnages et les jouent très bien. Même Sam Rockwell et Doug Hutchison sont excellents dans leurs rôles de personnages détestables. Il est vrai que mes préférences restent pour Tom Hanks qui est toujours aussi excellent et Michael Clarke Duncan qui fait un John Caffey fort mais très touchant, mais tous les acteurs sont très bons dans ce long-métrage.


Introduction: Le long-métrage démarre par un ralenti avec des habitants à la recherche de deux personnes, dont on entend le nom pendant l'apparition du logo titre. C'est une bonne introduction qui nous donne envie d'en savoir plus. Qui sont ces deux personnes ? Pourquoi sont-ils à leur recherche ? Que leur est t-il arrivé ? Beaucoup de questions nous viennent à l'esprit à ce moment là mais les réponses viendront au fur et à mesure du long-métrage.


Dimension Religieuse: Je n'en ai pas parlé mais on voit bien que Caffey est une représentation de Dieu et que Wharton est une représentation du diable dans ce long-métrage. En effet, leurs personnalités et leurs interventions sont une manière de montrer la dimension religieuse qui les entoure. En tout cas, la dimension religieuse est présente et fonctionne très bien avec John Caffey et Wharton, une belle opposition entre Dieu et Lucifer.


Émotion: Ne me dites pas que je suis le seul à pleurer devant ce long-métrage. L'émotion est excellente avec pas mal de moments de ce long-métrage. D'ailleurs, plus les exécutions ont lieu et plus j'étais triste au point de pleurer. Et d'ailleurs, sans spoiler, je pense que la dernière exécution a fait pleurer la majorité des spectateurs (et encore, moi je suis émotionnel dans les moments d'émotion des long-métrages).


Ecriture: J'ai rarement été aussi impressionné sur l'écriture de ce long-métrage. Les trois actes sont très bien écrits et divisés. L'acte I donne assez d'intérêt pour voir l'acte II, et l'acte III nous offre de l'inattendu comme il se doit. Sincèrement, ça doit être la première fois que je dis ça mais je trouve que le niveau d'écriture du scénario est excellent (même si Stephen King en est sûrement pour quelque chose).


Histoire: Paul raconte son année 1935 lorsqu'il était gardien de prison dans le quartier des condamnés à mort, aussi appelée "La Ligne Verte". C'est durant cette année qu'il a vu des choses incroyable et qu'il a rencontré un homme unique en son genre, John Caffey. C'est une intéressante qui donne envie d'en savoir plus sur cette année et sur tout ce qui s'est passé dans ce quartier du bloc E.


Mise en scène: Mais quel incroyable maîtrise de la mise en scène. Franck Darabont arrive à tout faire par la mise en scène avec ce long-métrage. Tout est parfaitement raconté par celle-ci et on sent qu'elle arrive à grandement renforcer les moments intenses de ce long-métrage. D'ailleurs, la mise en scène est une des plus grandes qualités de ce long-métrage.


Tension: Certains vont croire que je ne parle que de John Caffey, mais non pas du tout. Certes, il y a de quoi avoir peur pour John Caffey mais aussi pour les gardiens à certains moments. Par exemple, j'ai eu très peur pour Delacroix pendant sa dernière scène, surtout en me mettant à sa place. En tout cas, la tension est réussie dans ce long-métrage.


Dichotomie: C'est grâce à Linksthesun que j'ai appris ce terme. L'opposition entre le bien et le mal est bien équilibré, que ce soit chez les gardiens entre Paul et Percy ou les détenus entre Caffey et Wharton. Les oppositions marchent pendant tout le long-métrage, rien que la première scène avec Percy et Paul montre une opposition travaillée.


Effets spéciaux: Il n'y a pas tant d'effets spéciaux que ça mais ils sont vraiment très beaux. Même aujourd'hui, les effets spéciaux n'ont pas si mal vieillis et arrivent encore à convaincre les spectateurs sans aucun problème. Et c'est le cas pour toutes les scènes où on a des effets spéciaux (comme quand Caffey enlève le mal des gens).


Symbolisme: Il est très bien travaillé, que ce soit avec les explosions de lumière pour marquer l'intervention divine ou Mister Jingles qui est la joie de Delacroix et la malédiction de Paul. Je ne vous cite que quelques exemples mais le symbolisme est beaucoup plus présent et reste excellent, y compris dans les mises à mort sur la chaise électrique.


Musiques: Faut-il vraiment que je dise à quel point ces musiques sont somptueuses ? Non seulement, ce sont de très bonnes musiques qui me donnent envie de les réécouter en dehors du long-métrage, mais ce sont aussi des musiques qui arrivent à raconter ce qui se passe à l'image. En résumé, c'est un délice pour les oreilles.


Retranscription: Pour un long-métrage qui se passe en 1945, il faut avouer que la retranscription est très réussie. Entre les costumes, les décors et même l'autorité des gardiens sur les détenus (qu'ils soient bons ou mauvais) rendent le long-métrage réaliste tout en arrivant à nous faire croire que l'histoire se passe en 1945.


Relations: Cette fois, on ne parle pas de relations amoureuses mais d'amitié qui naissent entre plusieurs personnages. En effet, les différentes amitiés naissantes sont mignonnes, les gardiens apprennent des détenus et vice-versa, et elles arrivent à faire en sorte qu'on s'attache plus à nos détenus (sauf un mais c'était voulu).


Fin: Une fin très triste et très belle à la fois. Je ne peux pas vous la spoilez parce que je ne veux pas gâcher le visionnage à ceux qui n'ont pas encore vu ce film, mais c'est une fin à laquelle on ne s'attendait pas. En tout cas, on comprend Paul avec cette fin et on espère que son vœu va bientôt se réaliser.


Décors: Quel que soit le lieu qui nous est montré dans ce long-métrage, je le trouve de toute beauté. On sent que les décors ont été travaillés, extérieur comme intérieur. Il est vrai qu'on reste souvent dans la Ligne Verte mais je vous assure que tous les décors de ce long-métrage valent le coup d’œil.


Costumes: Il n'y a pas grand chose à dire sur les costumes mais je les trouve assez réussis, surtout qu'ils arrivent à définir les personnages. En voyant la tenue de Caffey, on voit un enfant par exemple. Bref, les costumes sont travaillés et définissent bien nos personnages.



- Négatif



Sentiment: Evidemment, c'est du à quand j'ai revu le long-métrage à 23h jusqu'à 2h10 du matin pour la première fois, je me suis souvent mis à regarder l'heure afin de voir à quelle heure j'allais terminer le visionnage. Il est vrai que j'ai eu l'impression que le long-métrage durait pas mal de temps mais ça ne l'a fait que la première fois. Et aussi parce que, maintenant, le long-métrage le plus long que j'ai regardé est "Le Seigneur des Anneaux: Le Retour du Roi - Version Longue". Enfin, je parle de sentiment de longueur mais aucune scène n'est inutile dans ce long-métrage, donc ce n'est pas un réel souci.


Anachronismes: Il est vrai qu'il y a pas mal d'incohérences dans ce long-métrage (comme le coup de la chaise électrique alors qu'en 1935, la manière de tuer était la pendaison). Mais bon, ce n'est pas un drame non plus, ce sont des détails auxquels on fait attention quand on est attentif, rien de plus.


!!! PARTIE SPOIL !!!


Connaissance: Apparemment, les raisons de détention des différents prisonniers n'ont pas été dites, à part John Caffey et Wharton. Donc, il est vrai qu'on ignore pourquoi Bitterbuck et Delacroix se retrouvent ici quand on a pas lu le livre. Mais j'ai compris pourquoi, Franck Darabont voulait rendre les prisonniers attachant au même niveau pour ceux qui n'ont pas lu le livre, et c'est réussi. Je m'étais mis à apprécier Delacroix pour sa personnalité enfantine et ses interlocutions avec Mr. Jingles. Alors que, si je l'avais découvert dans le livre en premier, j'aurais détesté ce personnage pour avoir brûler des gens, même malgré ses regrets. Sincèrement, Darabont a bien fait de ne pas nous dire pourquoi ils sont là, ça les rend plus attachants.


DVD divisé: C'est un détail qui ne sert à rien mais ça restera toujours un mystère pour moi. Pourquoi un long-métrage de plus de 3h se sent obligé d'être divisé en deux ? Certains vont me dire que c'est parce que le DVD ne peut pas avoir autant de temps de film mais c'est dur à croire. Encore une fois, "Le Seigneur des Anneaux: Le Retour du Roi" tenait bien pendant 3h12 sur son DVD donc c'est bizarre. Ou alors, c'est peut-être comme ça sur ma version Prenium (Blu-Ray + DVD) uniquement. Mais bon, ce n'est pas un drame non plus.


Frapper: Vous avez déjà aimé quelqu'un se faire frapper au point de revoir la scène un bon nombre de fois pour vous soulager ? Et bien moi oui. Quand j'ai vu Percy se faire frapper (et deux fois en plus), j'avais un sourire de soulagement en moi, c'était comme si la tristesse et la colère s'étaient évadés de mon corps au moment de cette baffe. Si vous passez une mauvaise journée, regardez cette séquence plusieurs fois et je peux vous assurer que vous retrouverez le sourire après.


Exécutions: On voit trois exécutions sur la chaise électrique et un détenu se faire tirer dessus plusieurs fois. Celle de Bitterbuck nous permet de comprendre comment marche une exécution, celle de Delacroix montre les dangers d'une exécution sans une éponge mouillée et celle de Caffey est touchante en montrant que les gardiens ont encore du cœur en eux.


Au final, c'est un véritable chef d'oeuvre et une très bonne adaptation d'une oeuvre de Stephen King qu'il m'a été donné de voir. La mise en scène est excellente, les personnages sont très bien travaillés, le jeu d'acteur est au top, les musiques sont magnifiques, les décors sont superbes et l'histoire est intéressante avec des événements inattendus. Il est vrai que je chipote sur les anachronismes mais je ne les avais pas remarqué avant qu'on me le dise. Je pense qu'il s'agit de mon adaptation préférée de Stephen King et je suis très heureux d'avoir ce long-métrage dans une édition spéciale dans ma collection. Si vous cherchez une belle histoire sans vous souciez de la durée alors je vous recommande de regarder ce long-métrage. Et si vous ne pouvez pas tenir pendant 3h09 devant un long-métrage, prenez le DVD qui est en deux parties distinctes sur deux disques.

FloYuki
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le 14 oct. 2019

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