La promotion a plutôt bien marché, puisque semble-t-il le public s'est déplacé en masse pour le voir. La question n'est pas tant les prix obtenus par les uns ou les autres, voir le succès en salle.
Mais plutôt: qu'en a pensé les gens qui l'ont vu ?
Qu'ont-ils pensé, par exemple, de ces plans longs (pas lents, longs), le réalisateur étirant comme il peut ses scènes qui n'ont strictement aucun intérêt, par exemple l'engueulade de l'employé de pôle emploi, les petites scénettes où Lindon danse puis nettoie ceci ou cela...
La vie d'un chômeur, puis d'un employé au bas de l'échelle sociale est intéressante en soi, vu comme cette classe sociale est ostracisée par les médias en général. Et je dirais que ça part d'une bonne idée: que ressentent ces gens, quel regard portent-ils sur leurs conditions de vie, quel point de vue pourraient-ils adopter sur les responsables de cet échec social ? Même la mise en concurrence entre chômeurs est zappée, passant d'une "formation" aux entretiens d'embauche au... travail de vigile.
Nada.
Le Grand Georges peut aller se rhabiller, voire se retournera dans sa tombe: aucun de ces enjeux pourtant essentiels ne sera véritablement abordé. Le documentaire suit son train train à la limite de la caricature et des portes ouvertes enfoncées avec la finesse d'un bulldozer.
Aucune prise de distance ni écart ne sera toléré, parler des prolos d'accord mais comprendre le pourquoi du comment, ça ferait trop subversif (sic), certainement. Alors on papillone, tournant autour du pot comme une mouche autour d'une merde, à la différence que la mouche s'y jette dessus, elle, quand même.
Le refus de se positionner est juste triste. Oui c'est une vie de merde, oui nos actes provoquent d'autres actes malheureux, oui, la vie doit suivre son cours, oui, nous sommes contraints de le vivre et de continuer, vu que c'est notre survie (et celle de notre famille, si nous en avons une) qui est dépend.
Mais encore, coco ? On se révolte ? On se résigne ? On attend ?
Aucun dépassement ne vient bousculer ce que tout le monde sait déjà - sauf les néolibéraux (ça rime avec idiots) qui croient que le chômage ne peut qu'être volontaire dans leur société "parfaite", l'attitude de Lindon étant d'une mollusquosité impressionnante...
Allez, Lindon a une présence, c'est vrai. Il porte le film à lui tout seul, sans génie, mais il faut dire qu'il n'a pas réellement de concurrence. Mis à part, peut-être, le professeur de danse, c'est dire.
Et c'est moche. Mais c'est laid ! Bordel, toutes les images sont floues et grisâtres, même lorsque Lindon regarde le paysage à travers le fenêtre, celui-ci est flou alors qu'il occupe la majeure partie du plan. Et puis moi, pour de bon, les caméras qui bougent dans tous les sens, moi ça commence à me les brizé menu !