Ce film d'animation, sorti discrètement sur Netflix début 2022 et réalisé par Emma De Swaef, Marc James Roels, Niki Lindroth von Bahr et Paloma Baeza, n'est pas mal mais sans plus. Le film est en effet très innovant, surtout dans sa technique mais au détriment malheureusement des scénarios qui sont assez faibles. Le film se divise en trois parties qui ne sont reliées que par cette fameuse maison. On y suit en effet divers habitants, à diverses époques, l'habiter. Si Netflix qualifie le film de comédie horrifique, le film est en réalité beaucoup plus tourné vers l'aspect horrifique que comique. À commencer par le premier segment d'ailleurs qui raconte l'histoire d'une famille de paysans venant emménager dans une grande bâtisse que leur a gracieusement construit un riche excentrique. Mais la maison change souvent de forme et les parents de la famille semblent perdre peu à peu tout lien avec la réalité, s'enfermant dans leur délire respectif. Le film devient donc de plus en plus anxiogène pour finalement totalement coller avec les codes de la maison hantée. L'animation permet d'ailleurs de contribuer à cette ambiance anxiogène, presque même dérangeante parfois, avec cette technique qui attribue une esthétique assez étrange aux personnages, jurant d'ailleurs avec cette ambiance feutrée propre à ce style d'animation, très chaleureuse. Néanmoins, on sent bien que ce segment déborde d'idées mais il est en même temps un peu foutraque ! C'est d'ailleurs, de mon point de vue, le plus obscur des trois avec cette fin qui part complètement dans un autre délire et dont on a du mal à en comprendre le sens. Très dommage car avec un scénario peut-être plus approfondi, ce court-métrage aurait pu être le plus réussi des trois ! Quant au second segment, on se demande pendant un bout de temps où il veut en venir. Au-delà de la technique, encore une fois, très réussie, on a du mal à rentrer dans cette histoire qui semble, à l'instar du premier, se perdre dans des détails sans importance. Heureusement, la seconde partie devient plus intéressante, le segment, partant de la comédie burlesque à la "Oggy et les cafards", se transforme peu à peu en quelque-chose de très dérangeant, empruntant d'ailleurs au genre du home invasion, genre qui me fait personnellement froid dans le dos ! La fin est d'ailleurs très anxiogène et surtout dérangeante à souhait ! Mais, encore une fois, malgré une atmosphère très réussie, on peine à comprendre où le film veut vraiment en venir. Le troisième segment est cependant bien plus clair à ce niveau-là ! Ne lésinant pas pour autant sur la technique, toujours aussi belle, le film est beaucoup plus optimiste que les deux précédents. Dans un monde postapocalyptique où la montée des eaux a tout dévastée, nous suivons la propriétaire de la maison qui ne veut pas s'en séparer, malgré le fait qu'elle coule peu à peu. Dans une sorte de petit voyage initiatique, elle devra alors apprendre à appréhender le monde autrement afin de poursuivre ses rêves mais d'une manière différente. Point d'atmosphère anxiogène donc (mis à part dans une petite séquence psychédélique) mais quelque-chose, au contraire, d'assez lumineux et chaleureux, malgré la brume froide qui entoure les lieux. Un segment réussi donc, le plus réussi des trois à mon sens, mais sans en être transcendant pour autant ! Bref, "La Maison" est donc un film qui vaut le coup d’œil rien que pour apprécier les techniques d'animation et son atmosphère atypique, mais peine malgré tout à captiver le spectateur avec des scénarios un peu pauvres.