Un film fantastique français : quand on n'a pas de pétrole, on a des idées

Ce film produit par Sony ne bénéficie pas pour l'instant d'une grosse couverture média, et c'est quand même un peu dommage quand on se dit qu'il est si difficile de voir du fantastique français en salle.

Pour le faire simple : nous sommes dans la tour de contrôle d'un aérodrome polynésien, la tempête approche et Moea, l'aiguilleuse, doit aider un avion en perdition à atterrir. Vous avez une heure trente. Sur le papier ça n'envoie pas des masses de rêves, d'autant que le film se déroule presque exclusivement dans les 15 mètres carrés de la salle de contrôle.

La question qui se pose est bien sûr comment créer du suspense et un film fantastique, voire d'horreur avec ce pitch ? Busnel y répond avec malice : à bord de l'avion de trouve une menace qui place le récit dans la culture religieuse polynésienne.

Exit le monstre insulaire, la menace est une sorcière mauvaise comme une teigne devenue esprit. Prisonnière d'une boite transportée en contrebande dans l'avion, elle cherche à se venger de l'univers entier. La première moitié du film repose sur l'explicitation du contexte et installation un soupçon laborieuse de la situation, notamment quand Moea tente de se suicider avec des médicaments. La deuxième partie entre de plein pied dans le fantastique avec quelques échappées horrifiques, lorsque Moea lutte contre l'esprit qui peut agir à distance. Et cette partie est assez chouette.

Le film a un peu le défaut du fantastique français, vouloir justifier l'action dans le drame intime – ici la perte d'un proche – et de le faire un peu trop dans le pathos. Ca donne un démarrage un peu laborieux qui justifie la durée du film, mais à quelques moments de la première partie on se dit que 15-20 minutes de moins n'auraient pas été un problème.

L'autre fragilité est l'omniprésence des médiations (micro, téléphone, écouteurs) qui permettent de faire passer par le son ce qu'on n'a pas trop les moyens de rendre puissant à l'image – ça ressemble à une critique mais c'est un compliment car Busnel ne s'en tire pas si mal.

La réussite du film tient dans l'alliance entre magie et horreur. On évite ainsi un L'Exorciste chez les sorciers et le va-et-vient se tient plutôt bien jusque dans un final plutôt réussi visuellement et prenant narrativement avec une certaine économie de moyens. Le film est un peu sous influence (L'Exorciste donc, Rec peut-être, et toute une flopée de série B) mais ce n'est pas désagréable.

AlexandreBoza
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le 1 oct. 2025

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