Le bonheur, selon Robert Wise

C'est une comédie musicale datant de 1965. J'ai toujours trouvé son titre français assez niais et le titre original (The Sound of Music) me laisse perplexe. Mais quoi qu'il en soit, c'est un chef d'oeuvre de comédie musicale. Très bon son (les numéros musicaux sont sensationnels, souvent très romantiques, parfois très drôles, notamment celui qui met en jeu les marionnettes tyroliennes https://www.youtube.com/watch?v=CaD9Ozdthg8), très bonne photographie dans les environs enchanteurs de Salzbourg https://www.youtube.com/watch?v=jITsImZdlMQ, excellent montage (oscar archi-mérité), très bonne distribution : les sept enfants (deux garçons, cinq filles) sont très charmants (ils mettent un peu trop de sucre dans leur jeu, mais c'est le genre, la comédie musicale, qui veut ça), Julie Andrews dans le rôle de la jeune gouvernante fräulein Maria est ébouriffante, un miracle de fraîcheur et de vitalité ; face à elle, Christopher Plummer (le capitaine Georg von Trapp) assume, de façon assez crédible et avec le soupçon d'humour nécessaire, les diverses facettes de son personnage (gradé de la marine impériale autrichienne et père veuf sur le point de se remarier mais tombant amoureux d'une autre), enfin les soeurs bénédictines (du couvent salzbourgeois où avait initialement postulé fräulein Maria) sont assez sympathiques, à peine caricaturales et il faut voir et entendre la mère supérieure entonner son grand air : "Climb Every Mountain" ("Escalade les montagnes", autrement dit "Affronte la vie" https://www.youtube.com/watch?v=EoCPuhhE6dw), c'est quasi grandiose !

Affronter la vie, les von Trapp vont bien devoir le faire, car l'histoire se déroulant en 1937-1938, l'Anschluss intervient aux trois-quarts du film, et pour Georg von Trapp, l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie est absolument inacceptable. Pour lui et sa famille, le "Climb Every Mountain" va prendre alors tout son sens.

Des films comme ça, des comédies musicales de cette qualité et de cette finition, on n'en fait plus aujourd'hui (par pudeur ou peur du ridicule peut-être) et... c'est bien dommage. Car l'homme a plus que jamais besoin de bonheur et s'il ne le trouve pas dans les salles obscures, où ailleurs ?