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Dans un monde haletant où l’idéalisme s’assombrit, La Mort n’existe pas se présente comme une fable hautement contradictoire, ébranlée, éclatée — mais inéluctable dans son désir de vérité. Le film pose dès ses premières minutes une assertion presque prophétique : l’acte politique ne s’accomplit pas sans sa colonne de cendres. Mais alors, que faire du doute, que faire du regret, que faire de l’ombre ?
Onirique et fragmenté, le récit se déploie en spirale : d’abord l’attentat, fulgurant, presque abstrait dans ses lignes, puis la fuite dans la forêt — espace mental autant que physique — puis le retour spectral de Manon, incantation insistante du possible non abouti. Thèse puis antithèse : violence ou inaction ? L’héroïne Hélène doit choisir, et c’est ce choix qui fait le drame (non l’action). Elle porte en elle l’espoir mutilé de l’insurrection, mais aussi la fatigue d’un monde qui la dépasse.
Le film ne cède jamais à la tentation du portrait psychologique plein : les personnages sont des vecteurs, des symboles en mouvement, parfois des silhouettes vaguement tracées contre des fonds changeants. C’est là son point de force et sa faiblesse : la portée idéelle l’emporte sur la chair, mais risque d’y perdre l’émotion vraie. Pourtant, dans les séquences de nature métamorphique — lorsque la forêt s’éveille, se tord, se mêle aux personnages — surgit une beauté viscérale : le vert devient colère, le rouge devient sang, l’arbre devient corps.
Le grand mérite du film est d’imposer le paradoxe comme substance : l’utopie se heurte à la fragilité humaine, la révolte à la culpabilité, la perte à la voix intérieure qui hante. On y entend l’écho des utopies du siècle passé, des rébellions avortées, des jeunes idéalistes perdus s’entrechoquer avec le réel. Pourtant, l’œuvre n’offre pas d’issue sûre — elle ne promet pas de victoire, mais envisage la possibilité même de l’acte comme espace de signification.
Mais l’absence de clarté dans certaines motivations, l’abstraction excessive des figures et la répétition thématique alourdissent parfois le propos : l’idée compense le suspense, le concept supplée le lien émotionnel. Le film vacille entre l’état de manifeste et celui de rêverie obscure, et c’est parfois dans cette hésitation que son charme se brise.
Quoi qu’il en soit, La Mort n’existe pas n’est ni manifeste ni simple : c’est une errance esthétique (et politique) qui refuse le confort du sens, qui exige d’entrer dans le doute, dans l’entre-deux, dans l’effritement. À défaut de délivrer une réponse, elle impose sa nécessité — et c’est là son défi : lutter contre l’oubli, contre l’inertie, contre l’imposture du silence.
En fin de compte, c’est une fable dérangée, un poème de résistance, un appel absurde et nécessaire — et il faut peu de mots pour sentir que ce film est un cri que l’on ne peut taire.
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