"Le meilleur film de Clint Eastwood depuis Gran Torino (2008)", une formule digne des phrases d'accroche les plus bateaux qu'on peut retrouver dans toute mauvaise bande-annonce mais cette fois, oui cette fois je vous le dis, on ne vous a pas menti.


Son histoire basée sur le fait divers d'un vieillard toujours très actif - bien qu'au crépuscule de son existence - devant livrer de la drogue pour un cartel mexicain est engageante, humoristique et (dé)tournée de manière quasi autobiographique puisqu'elle représente avant tout un homme cherchant à expier ses erreurs en tant que mari et père, un rachat que Clint confesse vouloir opérer dans sa vie, lui qui est un bourreau de travail ayant eu assez peu de temps à consacrer à sa propre famille.


Il s'agit d'un aspect d'ailleurs très touchant de cette oeuvre dans laquelle le cinéaste légendaire parvient à insuffler du rythme et du suspense; on se demandera tour à tour si l'homme survivra au cartel et à sa cavale mais aussi s'il pourra se rapprocher de sa famille.
Puisque comme il le dit si bien: " On peut tout acheter, mais je n'ai pu m'offrir du temps".


Dans l'histoire du Cinéma, rares sont les géants à avoir été actifs aussi durablement (Eastwood fit ses débuts à Hollywood il y a 64 ans, il a tourné plus de 80 films depuis) et probablement aucun n'a été en haut de l'affiche aussi longtemps.
Certes, il y eut quelques relâchements, certains films mous voire trop longs, mais La Mule n'en fait pas partie et sa vitalité provient en partie de son chef-opérateur de talent, Yves Bélanger (ayant bossé sur Dallas Buyers Club, Premier Contact,...) ainsi que son scénariste Nick Schenk, déjà auteur du magistral et crépusculaire Gran Torino.


En tout cas, moins rageur et chaleureux que le sus-cité chef-d'oeuvre de 2008, La Mule n'en demeure pas moins particulièrement convaincant dans sa façon de nous transmettre les regrets d'un vieil homme dont l'objectif reste de s'améliorer, même à un âge très avancé auquel certains resteront de têtus ronchons.
Eastwood continue d'écrire sa légende avec quelques derniers coups d'éclats comme celui-ci.
Il nous en ferait même oublier son allégeance politique douteuse, ou en tout cas pas franchement en accord avec sa filmographie d'un humanisme bouleversant.


Conseillé: A ceux qui pensent que Clint Eastwood est déjà enterré.


Déconseillé: A ceux qui attendent un film d'action où les cartels tirent sur les flics avec au milieu de la fusillade un vieil innocent ruiné par ses charges de retraité.


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christophe1986
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le 3 nov. 2019

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christophe1986

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