Mettre 8 c'est se montrer très généreux envers un film qui de toute évidence a choisi un sujet et des thèmes propres à tirer sur la ficelle du canal lacrymal. Mais bon, je dois bien exprimer d'une manière ou d'une autre que j'ai pleuré pendant la moitié du film.
Plus exactement, les moments qui m'ont émue étaient liés à deux thématiques : la première fois, c'est lorsque l'on apprend au héros, Larry, qu'il est aveugle. Larry n'est pas un héros de guerre ; du tout, il était chargé de, si j'ai bien compris, ramener du matériel aux camps. La seconde, c'est quand il fait une remarque bien ségrégationniste à son meilleur ami Joe, aveugle comme lui mais Noir pas comme lui.

Tel un Ulysse moderne et américain, Larry a voulu faire son kéké et aller dans un endroit dangereux, bravant la loi céleste de la US Army : du coup il s'est pris une balle dans la tronche (par und méchant Allemand) et il s'en est tiré monnayant sa capacité de vision. Franchement, quand j'ai lu l'Odyssée, j'ai juste pensé qu'il l'avait bien cherché, Ulysse. Mais étonnamment, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour Larry qui jusqu'au bout avait espéré un miracle médicinal ; simple insensibilité à la versification antique ou faiblesse face à la technique hollywoodienne ?

Quant au coup du meilleur ami nègre, oh, je ne pense pas être mauviette cette fois-ci. Larry doit découvrir que son handicap change non seulement son quotidien, mais aussi ses plus profondes convictions ; cependant ce nouveau bouleversement est positif ! D'un autre côté, cette prise de conscience ne fait qu'alourdir son forfait au rang des faibles et des victimes de la société. Quitte à être en marge, autant s'enfoncer loin dans la marge. Donc même si l'on est bien content que Larry ait abandonné ses convictions racistes, on ne peut que constater qu'il s'éloigne plus encore de son heureuse vie d'avant. (et en plus il a fait un truc vraiment dégueulasse : j'avoue que la culpabilité c'est un peu mon thème joker)

Un film qui n'est pas si bien-pensant que ça, en fin de compte. L'histoire d'amour aussi n'est pas manichéenne : la fiancée du héros, résolument amoureuse, se détachera de Larry non par couardise à l'idée d'une vie auprès d'un aveugle, non plus en raison de l'opposition du beau-père (qui finalement se plie à sa volonté) à ce que sa fille épouse un bon à rien, mais parce qu'elle ne peut pas comprendre ce qu'il veut et ne peut accepter sa conception de leur avenir. Larry en effet exige d'elle une confiance qui est démesurée : ils se quittent donc dans une embrassade résignée.

Dommage, la fin est attendue et expéditive mais perso je m'en fiche ; moi aussi ma critique je l'expédie.
Aphimorv
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le 28 janv. 2013

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