La Nuit des morts-vivants par klauskinski
La nuit des mort-vivants reste aujourd'hui encore la matrice du film d'horreur moderne. Romero révolutionne d'abord le genre en le rendant plus réaliste: finis les maisons hantées, vampires des Carpates; il tire un trait sur le fantastique à papa en faisant de ses protagonistes principaux des personnages lambdas, ni détestables ni réellement attachants, mais surtout en inventant une nouvelle peur: celle du zombie, humain déshumanisé. Le film peut également se voir comme un véritable documentaire sur son époque, impression renforcée par son aspect (noir et blanc granuleux aidant), d'une puissance politique ahurissante: le réalisateur concentre dans une maison abandonnée toute la société américaine de la fin des seventies: un noir et une blanche cohabitent sans jamais ni s'écouter ni se comprendre, puis une famille américaine modèle sort de la cave(!), ce qui permet à Romero de montrer clairement le clivage entre cette dernière et la jeunesse (symbolisée par un jeune homme) qui s'allie au noir. En une heure de temps, avec des moyens dérisoires, Romero rend ainsi évident aux yeux de tous l'imminence de l'explosion sociale, raciale et générationnelle à venir, grâce aussi à une fin d'un nihilisme inouï.