Sorti en 2022 et réalisé par Dominik Moll, La Nuit du 12 est un thriller/film d'enquête dans la même veine que Zodiac de David Fincher. Dominik Moll est un réalisateur français d'origine allemande que je connais assez mal, puisque je n'avais vu jusqu'à présent de lui qu'un seul film, Harry un ami qui vous veut du bien, mais dont je garde un très bon souvenir. La Nuit du 12 traite d'une histoire assez dramatique, plus ou moins inspirée de faits réels relatés dans le livre documentaire de Pauline Guéna (Une année à la PJ).

Nous sommes en 2016, à Grenoble, Yohan Vivès (Bastien Bouillon) vient d'être promu jeune capitaine de la PJ, après le départ à la retraite de son mentor. Il devra alors résoudre sa toute première enquête en tant que capitaine. Il s'agit du meurtre d'une jeune femme de 21 ans (Lula Cotton-Frapier), qui a été retrouvée morte dans la rue, immolée par le feu durant la nuit du 12 (d'où le titre film). Il va falloir alors enquêter auprès de l'entourage de la jeune femme pour retrouver le ou les responsables. L'enquête piétine pour notre jeune capitaine et son collègue Marceau (Bouli Lanners). Il s'avère que la jeune femme avait plusieurs petits amis/sex friends et avait la réputation d'être "une fille facile". De ce fait, les suspects se multiplient et l'enquête piétine.

Bref, on tourne en rond, au sens propre comme au sens figuré, puisque le capitaine a aussi pour habitude de pratiquer du cyclisme sur vélodrome le soir, pour se défouler et oublier les horreurs de la journée. Et si on sait comment la jeune femme est morte, brûlée vive, on ne sait pas qui l'a commis. De toute façon, on sait très vite que cette enquête ne sera jamais résolue, mais peu importe, car l'intérêt du film n'est pas de savoir qui a tué la jeune femme. Chacun des suspects est un coupable potentiel et tous auraient pu le faire. Non, l'intérêt du film c'est de suivre l'état psychologique des deux enquêteurs. Le cheminement de l'enquête est de ce fait plus important que la finalité.

Avec La Nuit du 12, on en vient à douter de l'humanité. On est pas loin du film totalement nihiliste, mais fort heureusement, il y a des rayons de soleils, comme par exemples la juge (Anouk Grinberg) qui veut relancer l'enquête, ou la meilleure amie de la victime qui est la seule à vouloir laver son honneur salie. L'atmosphère du film est lente et pesante. On sent que Dominik Moll a travaillé le rythme de son film et soigné sa photographie. Il prend soin aussi de développer une misogynie latente, avec des protagonistes qui considèrent les femmes comme des bouts de viandes. L'idée que la victime était une fille facile reviendra plusieurs fois tout au long du film.

Bastien Bouillon est très bon en jeune capitaine idéaliste, très calme, toujours sur le fil du rasoir. Bouli Lanners quant à lui est attendrissant dans la peau de ce flic qui se rêvait professeur de français. Tous deux forment un couple d'enquêteurs très attachants, car tous deux ont une vie personnelle un peu triste, l'un étant seul et l'autre étant sur le point de se faire quitter. Et sur le plan professionnel, on sent qu'ils sont frustrés devant cette enquête qui n'avance pas. Et comme ils manquent de moyens et de temps, ils doivent se montrer plus malins que ça, ne pas déraper et rester maître de soi en toutes circonstances.

Comme dans Harry un ami qui vous veut du bien, tout l'intérêt du film est dans son atmosphère, sombre, poisseuse et pesante. Il y a aussi un parallèle à faire avec Twin Peaks et le meurtre de Laura Palmer, dans la dénonciation d'une société machiste et sexiste. C'est juste un peu moins subtil ici dans La Nuit du 12, le message étant un peu plus frontal et manquant peut-être d'un peu de nuances. Tous les suspects, des hommes, sont quand même bien stupides et de sacrées ordures. Il aurait peut-être fallu un peu nuancer le propos. Mais sinon, mis à part ce tout petit défaut, La Nuit du 12 est une vraie réussite, un thriller haletant et qui plus est, qui permet de remettre au premier plan un réalisateur très talentueux.

Créée

le 10 août 2025

Modifiée

le 10 août 2025

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