La Party
7.3
La Party

Film de Blake Edwards (1968)

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Quarante années plus tard, la farce à base d'Indien gaffeur paumé au milieu d'une soirée huppée pourrait faire penser à une forme d'humour discriminatoire, mais il n'en est en fait rien. Certes notre personnage est aussi délicat qu'un éléphant au milieu d'un magasin de porcelaine, mais il n'est pour autant pas idiot, est un héros attachant, et surtout c'est lui la vedette.
Le comique de situation, s'il est arrivé à un niveau qui l'oblige à user de personnages drogués et d'humour principalement situé en-dessous de la ceinture (et souvent derrière), il avait dans les années 60 une délicatesse et une ingéniosité profonde, typiquement anglaise, et très ingénue, rappelant les farces de Chaplin, de Laurel et Hardy, ou encore des Marx Brothers. Tout comme des dominos, le tout s'enchaîne à une vitesse grand V, et la moindre broutille engendrera une réaction en chaîne, toujours imprévisible et hilarante, qui se terminera évidemment en catastrophe. Hrundi (Peter Sellers) fait tomber un objet à l'étage et c'est le batteur au rez-de-chaussée qui voit sa caisse claire être transpercée par un morceau de plâtre, les deux commis, dont l'un devient progressivement de plus en plus saoul, s'entre-tueront en arrière cuisine, la porte bâtante nous faisant voir l'action sous forme de diapositives, en un seul mot, du grand art.

Bref, La Party fait partie de ces petits bijoux d'humour rétro qui plairont à toute la famille, tant les gags font mouche sans jamais sombrer dans la vulgarité.
Hrundi a beau être le personnage principal, il n'est en réalité qu'un fil conducteur donnant une raison à tout ce mic-mac. La soirée ressemblait à quelque chose d'ennuyeux, où les personnes de la haute société ont pour habitude de suivre un schéma cocktail/repas/digestif aussi froid que convenu, mais notre héros aura vite fait par son océan de gaffes d'imposer un climat plus léger, jusqu'à finir dans un bain de mousse géant. D'ailleurs, grâce à un effet usant souvent de plans larges, les gags s'enchaînent aussi bien au premier plan qu'en arrière, augmentant l'aspect imprévisible, car tout n'est pas centré sur notre personnage principal, les seconds offrant eux-aussi les leurs.
A noter que la production est une parodie de La Nuit de Michelangelo Antonioni, un drame dont l'histoire se passait lors d'une soirée au cadre similaire.
Pour conclure, les amateurs de délires d'humour visuel passeront un moment inoubliable, digne de la lignée des comédies signées Blake Edwards (et probablement la meilleure). Ceux qui ont du mal avec l'humour de situation et qui préfèrent celle dans les dialogues pourront toujours y jeter un oeil, tant la farce réussira à plaire au plus grand nombre.
Mention spéciale pour Peter Sellers, véritablement impayable et facétieux, donnant de la saveur à son personnage sans jamais le faire sombrer dans le ridicule.
SlashersHouse
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le 15 juil. 2011

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