Eaux troubles et sales eaux

Sur deux décennies, Henri Calef, cinéaste oublié aujourd'hui, signera une poignée de films intéressants dont les protagonistes sont issus de la classe populaire. Le milieu des mariniers plutôt fermé et secret est ainsi perturbé par l'intrusion sur la péniche de François Malard (et de son second Jeanjean) d'une mystérieuse passagère en fuite, Madeleine, qui va successivement tourner la tête à nos deux acolytes.

À défaut d'un suspense intenable, Calef filme magnifiquement cette aventure romanesque de Montargis à Paris ponctuée de plusieurs rebondissements ( le trafiquant, la bagarre, la douane fluviale) évitant au spectateur de décrocher. Le duo Maria Mauban-Henri Vidal fonctionne, Daniel Ivernel, épatant, écope du rôle le plus difficile (mi- faux-jeton mi-souffre-douleur).

Encore pianiste de bar à l'époque, Louis de Funès usait ses doigts la nuit et ses journées étaient consacrées aux "panouilles" autrement dit de très courtes apparitions à l'écran. Ici il campe un éclusier, petit rôle spécialement écrit par Calef pour lui. Le cinéaste dira qu'il portait en lui toute la noblesse de ce métier...