Discret à sa sortie, Permission de Minuit s'apparente à un coup d'œil sur le sort des Enfants de la lune. On nous offre alors le quotidien d'un jeune garçon, atteint de cette déficience génétique qui le prive du soleil et d'une vie d'adolescent normal.
Si la réalisatrice cherche à mettre en lumière cette maladie méconnue, Delphine Gleize nous offre sous l'œil de sa caméra la lecture d'une amitié-duel entre David -interprété par Vincent Lindon-, 50 ans, dermatologue de son métier, et Romain -joué par le jeune Quentin Challal- 13 ans et patient de ce premier.
L'on vogue alors entre sorties nocturnes et diurnes, quotidien restreint, cloisonnement et recherche d'accomplissement. Si Romain n'est pas tout seul à supporter son mal, on regrettera que ses camarades d'infortune disparaissent trop vite de l'horizon de la caméra. L'on se focalise alors essentiellement sur sa relation à son médecin, et sur lui, sa vie d'adolescent remplie d'attentes et de peurs.
Mais même si la maladie orchestre la vie du jeune héros, le spectateur tend à l'oublier avec le temps, on la perd de vue tant elle devient discrète et minime, se fondant calmement dans l'arrière-plan. Mais lorsque la menace plane sur notre héros exposé au soleil, alors que le spectateur remue sur son siège, criant au suicide, s'attendant à un drame aux conséquences désastreuses. Mais Gleize choisit de ne pas empirer la situation alors que tous dans la salle nous nous attendions à un drame, voilà que l'on choisit de ne pas s'appesantir dessus. La bêtise est vite passée, elle n'a aucune incidence sur la santé du garçon ou si peu. On ne s'attarde pas sur le mélodrame, pas d'intensité dramatique; à tord ou à raison? La vie continue, avec un subtil et nouvel espoir.

Du coté de la narration, si elle se base sur cette relation intime entre le médecin et son patient, ce lien tend à devenir très clairement une relation père-fils par substitution; le tout dilué dans les expériences et amours de l'adolescence.
Et si le film aurait pu très vite s'enfermer dans ce sujet particulier, Permission de Minuit semble pourtant s'y perdre à mi-chemin.
Car très tôt, l'on est rattrapé par la sclérose du dermatologue. On est étonné de voir son incapacité à tourner la page alors qu'il est l'instigateur de son propre départ. Plus que cela, on pourrait être abasourdi de le voir marcher à reculons, omettre sa mutation, repousser le moment fatidique où il devra annoncer son départ au jeune garçon. On ne devine que très facilement le dénouement cru de ce premier nœud de l'intrigue: colère, sentiment de trahison, rejet, un cocktail prévisible et totalement justifié. Mais finalement, quoi de plus logique ? N'est-il pas une seule personne qui n'ait cherché à retarder une sentence inévitable en sachant pertinemment qu'elle sera plus douloureuse encore? Oui. Dans cette optique, Vincent Lindon incarne-là un rôle tout à fait humain par son indécision, confronté à ses choix et ses erreurs et perdu - à sa manière- entre devoir et affection.

Et si l'on reprochera à Permission de Minuit de perdre de sa saveur sur la longueur et de s'apparenter à un énième métrage fade sur les thèmes de la maladie, des préoccupations adolescentes et de l'amitié inter-générationnelle, on l'encouragera néanmoins à braver ses carences et à trouver sa propre lumière aux yeux du public.
LoïcTonyBarnet
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le 27 août 2012

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