Le pitch est pourtant amusant et laisse espérer, à sa lecture, une comédie sans complexe rafraîchissante. Jugez plutôt : un polonais apathique, squattant chez son ex-femme et son nouveau mari, se vautre en essayant de changer une ampoule et finit assommé sur le sol, le câble électrique du lustre récalcitrant enroulé autour de son cou. Ni une, ni deux, tout le monde pense que le pauvre bougre a voulu passer de l’autre côté. Naît alors un élan d’altruisme forcé pour essayer de faire en sorte que la vie morose du supposé suicidaire trouve un ultime intérêt, même s’il ne doit être qu’éphémère.


Malheureusement, le potentiel comique de l’affaire ne survit pas à la situation qui le fait naître. Dès que la farce arpente les rails de la satire, elle se met à nourrir un ennui profond. Costa-Gavras sort les rames et souque ferme en espérant retrouver l'irréductible étincelle qui embrasa bon nombre de ses films de sa verve revendicatrice rageuse qui prenait toute sa dimension quand il réussissait encore à la canaliser.


Ici, la critique prend la forme d’un marquer quintuple XL qui se contente de grossir le trait caractérisant les gros salauds qui essayent de profiter d’une situation financièrement prometteuse. Un petit teigneux spécialisé dans la manipulation médiatique se charge de mener la fronde, mais dès sa première apparition à l’écran tout est dit, sans aucune nuance, ni réel intérêt. On soupire, on subit, on se résigne.


Le dénouement dont ont tant parlé tous les personnages, celui qui fait que l’on s'accroche malgré l'ennui, que l’on résiste aux élucubrations interminables de tout un tas de représentants plus ou moins grossiers de milieux qui n’ont pas la faveur de Costa-Gavras, est une déception rare. Même si cela fait un moment qu’il n’est plus question de rigoler (après un quart d’heure de film en fait), le dénouement parvient à surenchérir dans le malaise : je n’étais pas loin de pleurer tant il frôle le ridicule.

oso
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le 19 juin 2017

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