La Pieuvre
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La Pieuvre

Court-métrage documentaire de Jean Painlevé (1928)

Art, Science, pourquoi choisir ?

Après avoir découvert la majeure partie des travaux de Painlevé récemment, revoir son premier film permet de pleinement saisir toutes les évolutions de son cinéma mais surtout que dès celui-là tout son style est déjà présent.
Quand on regarde du National Géographique, les docu arte. On peut être intéressé par ce que l'on voit mais je dois bien avouer trouver souvent cela assez fade. Je n'appel pas ça des documentaires mais des reportages, il n'y a aucun aspect artistique derrière tout cela. C'est trop plan plan, sans saveur, sans essayer de créer quelque chose, d'aller au delà des faits ou bien de faire quelque chose de ces faits.


Mais avec Painlevé c'est tout autre. Avec ses première œuvres comme Les Oursins ou Bernard l'Ermite, en expliquant soit par voix off quand la technologie lui permettra soit avec des intertitres des éléments scientifique très factuel. Il va couplé cela avec des séquences vraiment purement belles. Un placement de la lumière derrière l'aquarium qui donne une image vraiment superbe. Il arrive à montrer que ces éléments scientifiques sont beau, sont poétiques avec les séquences les illustrant juste après. Et que ces séquences magiques le sont car cela est vrai, cela est réaliste. Voir les meurtres de certains mollusques, les poils des oursins au microscope, de simple combats de bernard l'ermite pour une coquille ou bien encore l'accouchement d'un hippocampe. C'est beau, c'est fort car c'est réel (et très clairement l'image est léchée).


Il montre que séparé Art et Science est un non sens total et montre que les deux vont presque naturellement de paire.
Après je dois avouer préféré ses œuvres sous marines que ses autres films scientifiques comme Voyage dans le ciel, Le Vampire ou l'affreux Le grand cirque Calder 1927 (cf ma critique). Il n'arrive pas à recréer la fascination de la science avec celle des image.


Mais il serait dommage d'occulter une autre de ses phases. Celle avec sa femme Geneviève Hamon. Avec ses films : Comment naissent des méduses, Histoires de crevettes, Les Amours de la pieuvre et Acéra ou Le Bal des sorcières (qui sont ceux que j'ai vu) lui et sa femme partent beaucoup plus vers la poésie. Ils distillent les connaissances, les éléments factuels mais où la voix off va plus s'essayer à la belle prose, à faire plus dans l'émotion en montrant l'étrange, le fascinant, le lubrique de ce que l'on voit. Là où la distinction entre Science et Art était très visible. La force de ses premiers films étant dans les faits de les mettre côte à côte. Là, les distinctions sont flous, on nous explique la reproduction de petites méduses, on montre cela leurs gestations aux microscopes, on voit l'accouplement d'un mollusques ou bien la coprophagie de crevettes sur un congénères. Mais pourtant et contrairement à ses premiers films, on ne sent pas comme un cours pendant ses séquences où l'on nous décrit froidement les faits et rien que les faits. Il tente de mélanger les connaissances avec l'émotions, les sensations de ce que l'on voit.
Il est d'ailleurs intéressant de comparer ce film La Pieuvre avec Les Amours de la pieuvre. Les deux étant quasiment le même film. Mais là où le dernier va vraiment fasciner par la voix roque de Geneviève, les scènes que le voit couplé avec la musique de Pierre Henry. Là c'est dans le silence, dans les images que Painlevé retranscrit l'étrangeté de l'animal. Je pense à une séquence folle où par le défaut de la pellicule on voit comme des flash blanc alors que la pieuvre dans l'aquarium tâte les parois comme si elle allait les briser. On est presque sur une scène d'horreur dans un documentaire des années 20. Ou bien encore voir se corps visqueux bouger lentement en dehors de l'eau, ce travail du noir et blanc avec la lumière et le grains se couplent merveilleusement bien avec la science, le réel.


Ses films sont bien plus que de simples reportages informatifs, que de simple films éducatifs. Avec le réel, avec la biologie il créait du surréalisme par les images. Non mieux, il montre le surréalisme, le beau, l'effrayant et la bizarrerie du réel.

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le 13 janv. 2021

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