Au départ, on a droit à l'Île au trésor de Stevenson, excellent roman véritable naissance des clichés habituels sur la piraterie tel que le capitaine à la jambe de bois et au perroquet autiste. Disney s'était déjà chargé d'une adaptation cinématographie en prise de vue réel en 1950 avec notamment Bobby Driscoll dans le rôle-titre. Et cette fois-ci, Disney décide de transposer l'histoire original dans un cadre futuriste du style science-fiction mais toujours avec Jim Hawkins et Long John Silver en vedette. Sobrement intitulé, en hommage au titre d'origine, La Planète au trésor ( sous-titré " Un nouvel univers " histoire d'emmerder Goldorak et Albator ), ce nouveau film d'animation n'a pas reçu le succès commercial estimé et les deux réalisateurs ont d'ailleurs été virés de Disney car le résultat final " ne correspondait pas à l'image général du studio ". Bah oui mais c'est ça qui est bon, justement. Afin de rester aussi poli que je peux, je ne donnerai pas mon avis sur les productions Disney comme Le Roi Lion ou Raiponce et je me contenterai donc d'avouer que " La Planète un trésor " est le meilleur film d'animation du studio. Parce qu'il n'a rien à voir avec les autres. Déjà. Pour commencer. En tout premier lieu. D'abord.

On retrouve Jim Hawkins en mode rebelle de la Beat Generation ( il était enfant dans le roman original, simple précision ) qui s'ennuie à crever. Sa mère fourni un travail de dingue à son auberge et ne peut donc pas vraiment passer du temps avec lui. De plus, Papa Hawkins a abandonné son fils et sa femme pour des raisons obscurs qui font d'ailleurs très bien de n'être pas dévoilé ( les pères s'en vont souvent sans raison non ? ) alors dans un sens, on comprend que Jimmy puisse avoir le seum. Même avec son surf solaire hyper cheaté que même McFly peut pas test. Un jour, la venue d'un étranger nommé Billy Bones ( comme dans le roman original, merci ) ramène le gras de son cul et confie la carte menant à La Planète au Trésor au petit Jimmy. Mais pas le temps de péter un coup, les pirates qui en ont après le fameux trésor arrivent et cassent en deux l'auberge de Maman Hawkins qui est contraint avec son fils d'aller habiter chez Doppler, un vieil ami de la mifa. Jim arrive alors à décoder la carte et convainc sa mère de le laisser partir à la recherche du trésor avec Doppler. EN ROUTE POUR LE TURFU.

Force est de constater que le récit, une fois modelé à la sauce Captain Herlock, reste tout de même fidèle à l'oeuvre original. Certains personnages apparaissent pour servir le nouveau scénario nuisant peut-être à l'image du film que pouvaient se faire les inconditionnels de Stevenson. Ici, les réalisateurs n'ont pas choisi de rester à cent pour cent à cheval sur le roman original mais de construire grâce à sa grande aide une version légèrement divergente. Le message allégorique du long-métrage se voit donc légèrement modifié tout en obstruant les diverses morales à la con des classiques Disney pour tabler sur le cas des relations paternelles. Dissimulé en arrière plan mais fortement présent ( ce que la majorité du public n'aura pas compris amenant donc des critiques mitigés ), ce esprit se manifestera par la présence de Long John Silver et de ses liens avec Jim. Derrière cette histoire de trésor, de mutinerie, de retournement de veste made in Dutronc, on a tout de même droit à un profonde et importante questionnement sur la paternité et la recherche que l'on fait si celle-ci a disparu ou jamais existé. Je ne dis pas que le film possède la subtilité d'un Donnie Darko ou d'un The Night Of The Hunter mais il a le mérite d'apporter une délicatesse ainsi qu'une finesse non négligeable dans le message qu'il véhicule.

Si on peut ajouter à cela que le personnage principal qu'est Jim envoie totalement chier les personnalités clichés auxquelles ils auraient pu avoir droit pour s'approprier une indépendance propre et naturel ce qui ne manquera pas d'augmenter notre empathie à son égard tout en se reposant sur une attitude tout à fait crédible et réaliste. Long John Silver métamorphosé en cyborg à la grosse bedaine pour l'occasion se montrera parfaitement délicieux en vieux pirate bourru mais au grand coeur comme il semblait l'être dans le chef d'oeuvre de Stevenson. Ajoutons à cela l’androïde déboussolé et tatillon qu'est B.E.N alias Ben Gunn et autres personnages néerlandais. Y'a même un alien qui s'exprime en lâchant des caisses. Si c'est pas génial, ça. Faut pas non plus oublier Morph qui fait office de perroquet fidèle pour Silver. Puissance et gloire à Morph.

Autre chose que personne au monde ne semble vouloir aborder dans ses critiques. En version française, vous avons droit à David Hallyday ( oui, sérieusement ), à Michel Laroque ( ceci n'est pas un sketch ), à Lorant Deutsch ( énervant à souhait ) mais ça, encore, n'est pas forcément important. Le sacrilège horrible digne des rêves les plus malfaisants d'Hitler qu'à commis le directeur artistique est d'avoir supprimé la bande original pour la remplacer par une chanson de D. Hallyday qui, se permet, de reprendre l'instrumental sans remerciement aucun. Rendons donc à César ce qui appartient à César. Les chansons originales ont été écrites et interprétées par John Rzeznik ( chanteur des Goo Goo Dolls ) qui livrait alors une performance exceptionnel avec I'm Still Here et Always Know Where You Are. I'm Still Here se fait donc pécho l'instru par Hallyday qui chantent par-dessus son caca de " Un homme libre " qui voulait déjà pas dire grand chose mais alors dans le contexte du film, laissez tomber. C'est pour cela que je vous ordonne solennellement de regarder ce film en Vo. Achetez le DVD, téléchargez-les en anglais pour ensuite y ajouter les sous-titre en français ( trouvable sur le net ), peu importe mais profitez de ce groupe grandiose qu'est Goo Goo Dolls plutôt que de vous coltiner David Hallyday. Le seul regret qui pourrait se manifester une fois passé à la Vo serait de ne plus entendre la voix de Jacques Frentz et Bernard Alane qui incarnaient dans l'ordre Silver et Doppler avec brio. Comme à leur habitude d'ailleurs. Mais bon, on peut pas tout avoir.

Au final, un film bouleversant cachant une missive bien précise que peu de personnes comprendront malheureusement. Surtout si vous regardez en VF. Vous avez devant vous le meilleur Disney et des meilleurs films d'animation jamais réalisés ( occidental du moins ). Mais essayez juste de le piger avant de le juger sinon ça va pas l'faire. Par la même occasion, vous pourriez découvrir comme moi ce que proposent les Goo Goo Dolls. Faites-le d'ailleurs. C'est important pour le jugement dernier.

- Maybe your ears don't work so well
- Yeah, ahem. Too bad my nose works just fine.

=> https://www.youtube.com/watch?v=0Z-l9IUBOqM

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le 22 avr. 2014

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Djokaire

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