Librement adapté du roman de Pierre Boulle, publié 5 ans plus tôt, La Planète des Singes sort en 1968 dans le contexte de la Guerre Froide et de tout ce qui s'y rapporte : Guerre du Vietnam, Crise des missiles de Cuba, peur d'un conflit nucléaire, course à la conquête spatiale.
Emmené par un héros américain désabusé, cynique et misanthrope mais gardant une petite étincelle d'espoir dans l'évolution de l'Homme, le film nous projette dans un monde futuriste en " terrain inconnu ". Ce que découvrira George Taylor dépassera ses attentes les plus inimaginables...
Le film se divise en 3 parties : les terres interdites, la Cité des Singes et la Plage. La partie intermédiaire est la plus longue, celle qui développera le plus dialogues et scénario.
Véritable monde à l'envers, cette société réduit les hommes à l'état primitif et de bête sauvage, tandis que les Singes apparaissent dominants et très évolués, à travers des castes affichées : les orangs-outangs détiennent le pouvoir et le " savoir ", les gorilles constituent les forces armées, les chimpanzés sont des pacifistes convaincus. Bluffante de réalisme pour un film de cette époque, cette société simiesque est impressionnante et nous embarque dans des axes de réflexion divers et profonds. Théocratie, fanatisme religieux, racisme, vision de l'Homme, expériences scientifiques... l'œuvre nous fait réfléchir sur de nombreuses thématiques.
Si le rythme est plutôt calme en termes de scènes d'action, la rencontre entre Taylor et la société simiesque est captivante et haletante. L'évolution du personnage est intéressante, modifiant peu à peu sa vision des choses, jusqu'à cette terrible fin...
Parce que si elle demeure une œuvre de grande qualité à de nombreux niveaux, La Planète des Singes de 1968 est principalement restée dans les mémoires pour son FINAL. Un plan culte de quelques secondes fait à partir d'une peinture sur cache qui matérialise la vision tragique des conséquences d'un conflit nucléaire. L'Homme causera-t-il un jour sa propre perte ? Avec la nucléarisation de plus en plus importante de nombreux pays et les déséquilibres profonds du monde actuel, le risque ne fait que s'accroître.
Encensé par la critique de l'époque, le film a depuis atteint la postérité et connu de nombreuses suites et remakes. Si la réussite est totale, je ne peux conclure cette critique sans saluer la performance incroyable de Charlton Heston. Véritable icône des grosses productions hollywoodiennes de l'époque et symbole du héros fort et viril, l'acteur parvient ici à casser son image habituelle, dans ce rôle où il sera souvent malmené, maltraité et humilié, mais sans jamais perdre son charisme.
Véritable classique intemporel, La Planète des Singes n'a que très peu vieilli et se révèle encore aujourd'hui fort divertissant et surtout matière à réflexion.